Montée du parti antieuropéen en Grande-Bretagne

L'UK Independence Party, qui réclame le retrait de l'Union européenne, tire profit du scandale des frais de députés.

Hués, bousculés, interrompus en pleine réponse... Les trois députés qui avaient osé apparaître jeudi dernier à Question Time, émission phare de la BBC confrontant des personnalités politiques à des citoyens, ont vécu une soirée très difficile. "Vous vous croyez meilleurs que nous ?", a lancé l'un. "Si c'est la façon dont vous gérez vos propres affaires, comment peut-on vous faire confiance pour conduire le pays ?", a renchéri un autre.

Après une semaine de révélations sur l'abus des notes de frais par les députés anglais, la colère des Britanniques est immense. Un sondage du Sun ne laisse aucun doute sur la question : 60% estiment que "la plupart des députés nous ont arnaqués".

A seulement trois semaines des élections européennes, l'ampleur du scandale risque d'avoir de très profondes conséquences sur le vote. Avec un grand vainqueur : l'UKIP (UK Independence Party). Ce groupe, profondément antieuropéen, est crédité de 19% des votes, selon le dernier sondage YouGov, soit une hausse de... 12 points. L'UKIP, qui demande le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne, avait déjà défrayé la chronique lors des précédentes élections européennes, recueillant 16 % des voix avant de quasiment disparaître du paysage politique.

Sa vision de l'Europe ? "Nous voulons commercer avec eux (l'Europe), pas être gouvernés par eux." Le gain de l'UKIP est pourtant paradoxal : l'un de ses députés européens - désormais expulsé du parti - s'est retrouvé en prison pour avoir reçu 72.000 euros d'aides sociales auxquelles il n'avait pas droit...

L'autre vainqueur du scandale des notes de frais pourrait être le BNP (British National Party). Cela fait des années que cet ancien groupuscule d'extrême droite se repositionne en parti respectable et grignote des voix lors des scrutins locaux. Mais, pour l'instant, les sondages ne lui donnent que 3% des voix.

Quant aux deux principales formations politiques britanniques, elles subissent de graves revers : recul de 9 points pour les conservateurs (à 28%), de 3 points pour les travaillistes (à 19%). Les libéraux démocrates, un peu moins éclaboussés, demeurent à 19%. Cela laisse envisager un scénario catastrophe pour Gordon Brown, dont le parti pourrait se retrouver en quatrième position. Vendredi dernier, le scandale a rebondi avec la suspension du secrétaire d'Etat britannique à la Justice, Shalik Malik. Un nouveau coup dur pour le chef du gouvernement, dont le parti, le Labour, affiche le plus bas niveau de popularité depuis plus de soixante ans.

Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Plus les travaillistes reculent, moins ils auront de poids pour imposer la Turquie en Europe : enfin une bonne nouvelle

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