Enhardi par le coup de force de Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy évoque son second mandat

Alors que le parti socialiste a été bousculé par l'annonce de la candidature de Ségolène Royal pour les primaires avec le rêve de faire de Dominique Strauss-Kahn son... Premier ministre, Nicolas Sarkozy commence à évoquer son deuxième mandat puis la "dolce vita".
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Nicolas Sarkozy a évoqué mardi une candidature à la présidentielle 2012 en laissant entendre que sa mission serait accomplie après "deux mandats" à l'Elysée, selon des élus UMP. Le chef de l'Etat s'exprimait devant un groupe d'une vingtaine de parlementaires - députés et sénateurs - membres du club Droite sociale animé par le ministre délégué aux Affaires européenne, Laurent Wauquiez, reçus en fin d'après-midi à l'Elysée.

"Le président a dit que quand on fait deux mandats, ça suffit largement", ajoutant que son objectif était "de résoudre les problèmes" de la France, a rapporté un participant à la réunion. Pour un autre, Nicolas Sarkozy a indiqué que "quand il aurait fait deux mandats, il aurait rempli sa mission".

Selon l'Elysée, il a simplement déclaré aux élus qu'il ne pouvait se "présenter qu'à deux mandats, pas plus". Rappelant que son épouse Carla était d'origine italienne, Nicolas Sarkozy a encore dit que ce serait "la dolce vita" après l'Elysée.

Le chef de l'Etat a évoqué au cours de la réunion son action en faveur des classes moyennes ainsi que les deux grandes réformes de la fin de son quinquennat, la fiscalité du patrimoine et celle de la dépendance. A propos de cette dernière, il a confirmé sa volonté de la mener en concertation avec les partenaires sociaux et "sans tabou ni parti pris idéologique". Parmi les pistes envisageables, il a indiqué que la question d'une "couverture assurantielle" devait se poser tout autant que celle "d'éléments de solidarité" avec les plus défavorisés, a encore rapporté un participant.

 

Du côté du Parti socialiste, il menace de replonger dans la guerre des ego qui lui a coûté très cher en 2007 mais la candidature prématurée de Ségolène Royal à la primaire présidentielle pourrait également clarifier le jeu. Renouant avec son rôle favori - bousculer sa famille politique - l'ancienne candidate à l'Elysée s'est relancée dans la course pour 2012 quelque 18 mois avant l'échéance au grand dam de la direction du PS, qui fait mine de ne pas être surprise de ce coup d'accélérateur et minimise les dissensions à venir.

Le premier secrétaire, Martine Aubry, a gardé le silence après l'annonce de son ancienne rivale à la tête du PS. Mais ses proches répètent les mêmes éléments de langage : la candidature Royal est "normale" et ne change rien au programme du PS : projet présidentiel au printemps, candidatures en juin et scrutin pour choisir le champion socialiste à l'automne.

La crise, "elle n'existe pas au Parti socialiste", a insisté le porte-parole du PS, Benoît Hamon. Contrairement à la droite, "nous n'aurons pas, nous, plusieurs candidats à la présidentielle" grâce à la primaire qui doit avoir lieu à l'automne 2011, a-t-il dit sur RTL. Malgré ces assurances, l'ancienne rivale de Nicolas Sarkozy inaugure six mois de compétition entre "présidentiables", alors que Martine Aubry, qui entretient le mystère sur ses intentions, appelle ses troupes à se concentrer sur les idées et le fond.

"BOÎTE À GIFLES"

La droite fait ses choux gras de cette candidature. "Le PS a ouvert la boîte à gifles", ironise Bernard Deflesselles, vice-président du groupe UMP à l'Assemblée. Jérôme Fourquet, directeur des études politiques de l'institut Ifop, fait la même analyse. "Le perdant collectif, ce sera probablement le Parti socialiste où chaque candidat va avoir intérêt à avancer ses pions, à être dans la distinction", a-t-il estimé.

Ségolène Royal est le premier poids lourd du PS à se lancer, forte des derniers sondages qui indiquent qu'elle battrait Nicolas Sarkozy en 2012, tout comme Martine Aubry, Dominique Strauss-Kahn ou son ex-compagnon François Hollande. "Dans les semaines qui viennent, les outsiders vont être éclipsés", prédit Jérôme Fourquet, selon qui Ségolène Royal "coupe un peu l'herbe sous le pied" aux candidats déjà déclarés, Manuel Valls et Arnaud Montebourg.

Les proches de François Hollande se sont d'ailleurs engouffrés dans la brèche pour réclamer une accélération du calendrier afin que le candidat du PS soit désigné avant l'été. Au prix de pas mal de contradictions, Ségolène Royal met au pied du mur ses deux principaux adversaires, Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn, que son mandat à la tête du Fonds monétaire international (FMI) contraint pour l'instant à un strict devoir de réserve sur la politique nationale.

"Je pense qu'on n'entre pas dans une bataille à reculons", a déclaré sur France Inter celle qui jurait en juin être capable de "faire le sacrifice d'une ambition personnelle" avant de s'insérer dans le "dispositif gagnant".

STRAUSS-KAHN, UNE "DIVA" À MATIGNON?

Face à la droite "en ordre de bataille" pour 2012 depuis le remaniement, "Ségolène Royal a deux responsabilités politiques éminentes: remettre la gauche en mouvement et parler aux Français", explique son porte-parole Guillaume Garot. "En sortant du bois la première, elle force les autres à se situer par rapport à elle", constate le politologue Paul Bacot. Pas sûr que cela lui sera bénéfique, remarque Gaël Sliman, directeur adjoint de l'institut BVA. "Elle réactive l'image du franc-tireur qui créé de la division alors que son jeu collectif lui avait permis d'arrêter son érosion dans les sondages", explique l'analyste.

Pour Gérard Grunberg, spécialiste de la gauche, la sortie de Ségolène Royal a le mérite de relancer la primaire, dont le principe même était menacé par un pacte entre candidats. A ses yeux, c'est désormais Martine Aubry qui se retrouve dans une position délicate, condamnée à attendre la décision de Dominique Strauss-Kahn en "chauffant sa place pendant six mois".

Malgré son statut d'ultra-favori, Dominique Strauss-Kahn peut-il continuer à faire durer le suspense jusqu'à l'été ? "Cela va quand même accentuer la pression sur ses épaules", estime Jérôme Fourquet, même si les partisans de l'ancien ministre de l'Economie se disent d'un "calme olympien". "S'agiter à un an du scrutin, c'est totalement hors saison", dit François Kalfon, le M. Sondages du PS, un des ses proches.

Mais pour le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Christian Jacob, la "posture de diva" de l'homme du FMI "touche à sa fin. Il va devoir dire s'il est candidat". Ségolène Royal a d'ailleurs instauré un dialogue à distance avec le patron du FMI, qu'elle a rencontré fin novembre à Paris. En juin, s'il décide de revenir, "nous nous verrons pour décider le meilleur dispositif" pour 2012, a-t-elle assuré avant d'envisager de le nommer Premier ministre. Strauss-Kahn à Matignon? "Et Aubry, elle sera secrétaire d'Etat à quoi ?" ironise un dirigeant strauss-kahnien.

Commentaires 14
à écrit le 05/12/2010 à 16:04
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Le programme de DSK est le même que celui de Nicolas Sarkozy, mais il est plus explicite, déjà par son nom. Avec D comme Dettes de la France qui mènent au Surendettement du pays avec un S et tout cela pour le profit du grand Capital avec un K (le sym...

à écrit le 01/12/2010 à 14:06
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Je supporte la candidature de Ségolène Royal à trois conditions: 1) Elle doit le plus tôt possible avoir un programme crédible et certifier que tout ce qui est promis sera fait; Sinon autoriser sa destitution. 2) Surtout pas, avoir Strauss-Khan: Prem...

à écrit le 01/12/2010 à 13:07
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Aujourd'hui les électeurs auraient le choix entre Nicolas Sarkozy, Ségolène Royale et Marine Lepen. Par sa décision Ségolène offrirait une voie royale à Nicolas Sarkozy. L?absence du sursaut républicain et les abstentions feraient que le résultat d...

à écrit le 01/12/2010 à 11:24
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Il rêve : les Français ne veulent plus de lui. Il doit laisser la place à Fillon s'il ne veut pas conduite l'UMP au désastre total.

le 01/12/2010 à 13:34
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Certes, ils ne veulent pas de lui... mais encore moins des autres !

le 01/12/2010 à 13:42
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On préférerait Fillon c'est vrai, mais on préfére Sarko à Royal ou les autres.

le 01/12/2010 à 14:17
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Exact les français ne veulent plus de lui ni de ses copins qui ont cautionnés sa politique. Qu'on ne s'étonne pas si l'UMP n'est pas au second tour.

le 01/12/2010 à 14:44
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Pas d'UMP au second tour voici un pronostic interessant. Alors je vois bien Marine Le Pen contre Eva Joly. Alors la, chers electeurs nous devront choisir entre deux extremes. Soyons serieux, malgre son style et ses derapages verbaux, le president a m...

le 01/12/2010 à 18:25
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@Laurent 68. Si Grand homme d'état = aucune réforme valable ou reformette financée par l'emprunt sur les marchés. Nous avons que des grands homme d'état avec un pays tellement dynamique qu'il éclipse la productivité chinoise. Allons, Laurent 68 Soye...

à écrit le 01/12/2010 à 10:09
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Ah bon, c'est pas déjà la Dolce Vita pour Sarko ?

à écrit le 01/12/2010 à 9:56
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Nicolas Sarkozy gagne moins de la moitié de DSK soit 19 351 euros mensuel + 50 millions de mécontents alors qu'au FMI, DSK gagne 41 355 euros nets d'impôt + frais réels + voiture de fonction + logement de fonction + sourires + courbettes. DSK a-t-il...

le 01/12/2010 à 17:01
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@ Eiffel: argument de choc en effet, mais il ne faut pas sous-estimer le fait que les politiques sont tellement imbus de leur personne que le pouvoir devient une obsession.

le 01/12/2010 à 18:29
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@ eiffel Strass khan est l'allié de Sarkozy pour mettre sans dessus dessous le PS. Strauss khan = idées de droite. Je ne le vois pas diriger ce peuple "hallucinés" comme il a pu le dire aux américains.

à écrit le 01/12/2010 à 6:56
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arrêtons toute cette radio-potin("série"), 2012 n'est pas encore tout proche, cessons un peu de parler pour ne strictement rien dire.

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