Trichet réclame un euro fort et est servi...

Face aux critiques, Jean-Claude Trichet fait front. Le président de la Banque centrale européenne ne se laisse pas démonter par les attaques lancées ici ou là contre l'attitude passive de l'institution de Francfort face à l'envolée de l'euro (lire ci-contre). A ceux qui accusent la BCE de laisser par son inaction un boulevard à l'appréciation de la monnaie européenne, Jean-Claude Trichet répond: "nous voulons une monnaie forte et stable". Il a été immédiatement entendu par les marchés puisqu'après cette déclaration la monnaie européenne s'est emballée : un peu après 15 heures, l'euro est repassé au-dessus de la barre des 1,21 dollar, grimpant ensuite jusqu'à 1,2160 dollar, avant de se replier à nouveau en raison des rumeurs sur l'imminence d'une décision américaine sur les surtaxes concernant les importations d'acier européen aux Etats-Unis. Parfois surnommé "Ayatollah du franc fort" durant son mandat à la Banque de France, Jean-Claude Trichet pourrait se retrouver accusé d'être un intégriste de l'euro fort un mois à peine après son arrivée à la tête de l'institution situé Kaiserstrasse à Francfort. Pour le président de la BCE, il ne fait aucun doute que "toutes les grandes banques centrales dans le monde poursuivent une stratégie de monnaie forte et stable" car cela contribue à renforcer "la confiance" des acteurs économiques. Pour Jean-Claude Trichet "la consommation privée (en zone euro) devrait être soutenue par les effets positifs de l'appréciation passée de l'euro sur les termes de l'échange". Les créations d'emplois devraient elles aussi en profiter, a-t-il ajouté. Quid des conséquences de la flambée de l'euro sur la compétitivité des entreprises européennes à l'export et du risque que fait peser cette appréciation de la monnaie européenne sur la croissance ? Jean-Claude Trichet ne répond pas. Pour lui, "la reprise économique en zone euro a commencé et la confiance a continué de s'améliorer". Dans l'ensemble, la BCE "s'attend à une reprise économique graduelle en zone euro au cours des prochains trimestres, donnant lieu à un rebond plus large et plus marqué dans le courant de l'année prochaine, puis l'année d'après". Ce regain d'optimisme ne signifie pas pour autant que la BCE va modifier rapidement sa politique monétaire. Pour ce qui est des taux d'intérêt, sans surprise, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé de laisser inchangé le loyer de l'argent dans la zone euro au niveau qui est le sien depuis le mois de juin dernier, avec un taux directeur fixé à 2%. Cet état de fait devrait perdurer encore quelque temps dans la mesure où Jean-Claude Trichet a souligné que le conseil de la BCE a qualifié le niveau actuel des taux d'intérêt dans la zone euro d' "approprié", terme qui sous-entend que la BCE n'a pas l'intention de modifier sa politique monétaire à court terme. Ceci étant, certains risques affleurent et notamment celui d'une surchauffe des prix. Pour le moment, la BCE continue à penser que le taux d'inflation de la zone euro, qui a accéléré à 2,2% en novembre, va revenir sous le seuil de 2% "à moyen terme". Mais, dans le même temps, il a souligné que ce scénario était "conditionné à un certain nombre de facteurs", parmi lesquels les prix du pétrole, l'évolution du taux de change de l'euro, celle des salaires et également celle des finances publiques des Etats européens. "En conséquence, il y a des éléments de risque pour les perspectives concernant la stabilité des prix qui doivent être gardés à l'esprit. A ce sujet, nous avons constaté que les indicateurs des marchés financiers pour les anticipations d'inflation ont été orientés un peu à la hausse ces derniers mois". Un éventuel emballement des prix pourrait à terme contraindre la BCE à durcir sa politique monétaire, avec le risque qu'une telle décision pourrait comporter pour la croissance tout juste convalescente de la zone. Malgré tout, on a du mal à imaginer la BCE relever ses taux d'intérêt avant la Réserve fédérale américaine. Or la Fed devrait encore patienter quelques mois avant de prendre une telle initiative.
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