Sagesse de l'inflation aux Etats-Unis en août

La croissance américaine a beau accélérer, les prix ne montrent pas de signes de surchauffe. Cette sagesse de l'inflation renforce l'hypothèse d'un statu quo ce soir à l'issue de la réunion du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed). En août, les prix à la consommation ont progressé de 0,3%. Non seulement cette hausse est légèrement inférieure aux attentes - les analystes interrogés par Reuters tablaient sur une progression de 0,4% - mais elle doit beaucoup à l'envolée des prix de l'énergie (+2,7%, dont +6,2% pour l'essence). Hors éléments les plus volatils (énergie et alimentation), l'inflation sous-jacente n'a progressé que de 0,1% sur un mois et de 1,3% sur un an, soit le rythme le plus modéré jamais observé depuis 37 ans. Débarrassée de la crainte de voir l'inflation échapper à tout contrôle, la Fed va concentrer son attention sur l'état de santé de l'économie américaine. Celle-ci semble entrer dans une phase de redressement. Au deuxième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 3,1% et les économistes d'entreprises anticipent une croissance de l'ordre de 4% en 2004. Ces performances ne devraient cependant pas pousser la banque centrale à relever rapidement ses taux d'intérêt.D'abord parce que, comme l'illustre la publication d'aujourd'hui, le spectre de la déflation n'est pas totalement écarté. Ensuite, l'accélération de l'activité aux Etats-Unis ne s'accompagne pas pour l'instant de créations d'emplois. En août d'ailleurs, l'économie américaine a encore détruit 90.000 emplois, portant à 2,7 millions le nombre d'emplois disparus aux Etats-Unis depuis deux ans. Dans ce contexte, la confiance des ménages est fragile, ce qui constitue une menace pour la consommation. Celle-ci a bénéficié tout au long de l'été d'un bon stimulant via l'entrée en vigueur des baisses d'impôts promises par l'administration Bush, mais le maintien à des cours élevés du prix du pétrole et du gaz et l'anémie persistante du marché du travail pourraient à terme peser sur les dépenses des ménages.Dans ces conditions, comme l'a d'ailleurs laissé entendre au début du mois le gouverneur de la Fed, Ben Bernanke, l'installation de la reprise ne se traduira pas nécessairement par une hausse des taux. Aux yeux de la Réserve fédérale américaine, la prudence devrait donc l'emporter: le principal taux d'intérêt devrait rester à son bas niveau actuel, c'est à dire 1%. Pour mémoire, une fois finie la récession de 1991-92, la banque centrale américaine avait patienté 18 mois après le pic du chômage pour relever le loyer de l'argent.
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