Jean-Marie Messier mis en examen

Comme on s'y attendait depuis deux jours, Jean-Marie Messier, ancien PDG de Vivendi Universal, a été mis en examen cette nuit dans l'enquête ouverte sur les comptes de son ancien groupe. Intervenant au terme d'une garde à vue de 36 heures, cette mise en examen porte sur les chefs de "manipulation de cours, diffusion de fausses informations et abus de biens sociaux".C'est vers 2 heures du matin, cette nuit, que Jean-Marie Messier est ressorti des locaux du pôle financier du palais de justice de Paris, après quatre heures d'audition avec les juges Henri Pons et René Cros. Ressorti libre, mais sous contrôle judiciaire et sous le coup de différentes mises en examen.Au terme de cette audition, qui suivait elle-même une garde à vue de 36 heures à la brigade financière, Jean-Marie Messier est désormais soumis à différentes mesures de contrôle. Il lui est ainsi interdit d'entrer en contact avec les quatre autres personnes mises en examen dans cette affaire, ainsi qu'avec certains anciens collaborateurs et les principaux responsables de l'Autorité des marchés financiers (ex-COB, le gendarme de la Bourse). En revanche, l'ex-PDG de Vivendi demeure libre de ses mouvements, et peut même se rendre à l'étranger. Il est vrai que "J2M" paye le prix fort pour cela, sous forme d'une caution de 1,35 million d'euros. Une somme destinée à garantir qu'il se représentera bien devant la justice et à servir d'avance sur les amendes auxquelles il pourrait éventuellement être condamné au terme des procédures judiciaires.La mise en examen porte donc sur les chefs de "manipulation de cours, diffusion de fausses informations et abus de biens sociaux". En revanche, le "délit d'inité" n'a pas été retenu, même si Jean-Marie Messier a été entendu à ce sujet en tant que "témoin assisté", statut hybride entre le mis en examen et le témoin simple. La mise en examen pour "manipulation de cours" concerne l'affaire des considérables rachats d'actions Vivendi effectués par le groupe lui-même suite aux attentats du 11 septembre aux Etats-Unis. Ces opérations avaient été réalisées en infraction aux règles habituelles sur les achats par une société de ses propres titres.Pour sa défense, Jean-Marie Messier fait valoir que, dans les circonstances exceptionnelles qui prévalaient sur les marchés au lendemain du 11 septembre, les règles avaient été assouplies aux Etats-Unis par la SEC (organe de contrôle des Bourses américaines). Et la COB française n'aurait pas trouvé à redire aux interventions de Vivendi. Résumant cette nuit la défense de son client, l'avocat maître Metzner a ainsi affirmé que ces achats de titres étaient "indispensables, dans l'intérêt des petits actionnaires".Au chapitre de la "diffusion de fausses informations" est visée la présentation de la situation de la trésorerie de filiales du groupe, Cegetel et Maroc Telecom, présumée trompeuse. Enfin, la mise en examen pour "abus de biens de sociaux" porte sur les conditions financières du départ de Jean-Marie Messier en juillet 2002. On se souvient qu'il avait alors négocié de considérables indemnités, avant de finalement y renoncer.Mercredi matin, Jean-Marie Messier a publié un communiqué dans lequel il souligne qu'il "avait lui-même demandé" sa mise en examen le 29 mars dernier et qu'il ne lui est reproché "aucun enrichissement personnel non plus qu'aucun délit d'initié". Outre l'ancien PDG, quatre personnes sont poursuivies dans la même affaire: l'ex-directeur financier du groupe, ancien bras droit de Jean-Marie Messier, Guillaume Hannezo; le trésorier Hubert Dupont-Lhotelain; son adjoint François Blondet; le président du directoire de Deutsche Equities, Philippe Guez, qui avait joué un rôle central dans les achats de titres Vivendi.
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