Premiers pas en pleins frimas

Voilà l'été, les introductions refleurissent, mais les investisseurs les cueillent du bout des doigts. Il ne s'agit pourtant pas de jeunes pousses venues récolter quelques dizaines voire centaines de millions d'euros comme ce fut le cas ces derniers mois, mais de belles plantes aux racines solides, venues lever la bagatelle d'un à plusieurs milliards d'euros. Soit, répondent les investisseurs, mais à quelques jours des soldes, ces messieurs-dames ne sont prêts à ouvrir leur portefeuille qu'en cas de remises. Point de baptême rugissant, d'envolée inaugurale pour le motoriste Snecma vendredi mais une frilosité qui a même fait conclure les Cassandre au demi-échec de l'opération. Certes, l'offre a représenté le double de la demande, mais les titres Belgacom en janvier avaient été sursouscrit trois fois, alors que l'opérateur plaçait plus de 3,6 milliards d'euros, contre 1,4 milliard pour le fabricant de moteurs. Les turbines pour avions sont, il est vrai, moins affriolantes que les télécoms. En outre, le relatif succès du placement de la Snecma réside essentiellement dans le prix, fixé quasiment au plus bas de la fourchette espérée. En Italie, le réseau électrique à haute tension Terna a fait un peu plus d'étincelles: la demande a excédé trois l'offre. Mais là aussi, la maison-mère Enel a préféré assurer à sa fille un parcours prometteur en établissant le prix dans la partie inférieure du cadre proposé, en restant fidèle au proverbe transalpin "Chi va piano va sano, chi va sano va lontano"*, que notre Racine a traduit par l'éclairant "qui veut voyager loin ménage sa monture."L'exemple le plus criant de ces introductions au rabais nous est cependant venu d'outre-Rhin, où Postbank, la première banque de dépôt allemande, s'apprête à une entrée en Bourse par la toute petite porte: le nombre de titres offerts est réduit d'un tiers, le prix de 12%, et la maison-mère Deutsche Post ne peut plus compter empocher que 1,6 milliard, loin des 3 milliards espérés! Reportée de deux jours, l'opération, qui a failli avorter, aura connu bien des péripéties. La Deutsche Bank, conseil de Deutsche Post, avait laissé circuler un document valorisant Postbank entre 4,4 et 5,3 milliards, alors que son client en escomptait 6 milliards! Désastreux pré-marketing en forme de chronique d'un fiasco annoncé... Céder aux injonctions du marché en appliquant la ristourne réclamée sera-t-il un gage de succès? Rendez-vous mercredi à Francfort. * "Qui va doucement va sûrement, qui va sûrement va loin"
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