Quand le baril vaut de l'or

L'or noir n'a jamais aussi bien porté son nom. 40 dollars le baril ! Du jamais vu depuis près de quatorze ans, en octobre 1990, après l'invasion du Koweït par l'Irak. Sur un an, les cours du brut ont flambé de 48%... Et les opérateurs de marché de brandir le spectre d'un "choc pétrolier rampant." Les causes ? Les tensions géopolitiques bien sûr, l'appétit grandissant de la Chine pour alimenter sa croissance mais aussi la situation très particulière du marché américain de l'essence, où le "gallon" servi à la pompe (plus de 3,7 litres) a atteint un record historique la semaine passée, dans un pays où l'essence est traditionnellement peu chère mais qui consomme 45% de la production mondiale de carburant !Le phénomène pourrait faire tache d'huile... jusqu'à Wall Street. Le numéro un des raffineurs, le géant Exxon Mobil, la plus importante compagnie pétrolière cotée, pourrait rafler la palme de la première capitalisation boursière américaine, donc mondiale, à la vénérable General Electric dans les mois qui viennent. Le conglomérat diversifié depuis l'électroménager aux services financiers en passant par les moteurs d'avions et la télévision avec la première chaîne américaine, NBC, est la seule valeur du DowJones qui faisait déjà partie de l'indice à sa création en 1896. Elle a dominé les années 1980 et 1990 à Wall Street, cédant occasionnellement cette place de "Number One" à Microsoft, en 1998-99 et 2002. Exxon ne se situe qu'à quelques jerrycans de l'exploit. Le pétrolier capitalise plus de 280 milliards de dollars, à peine 7% de moins que GE, qui pèse plus de 300 milliards. Selon les projections des experts de Standard & Poors, Exxon, aux profits dopés par la flambée du brut, pourrait valoir près de 330 milliards en Bourse d'ici à la fin de l'année, caracolant en tête, au coude à coude avec Microsoft, tandis que GE, dont les bénéfices pourraient pâtir de la remontée des taux d'intérêt, verrait son poidsfondre de quelques milliards.... Un bouleversement du classement qui ne survivra cependant sans doute pas à la décrue, qu'on espère inévitable, des cours de l'or noir ...

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