CAC 40, Femme 0

En cette Journée internationale de la femme, un petit examen des conseils d'administration des stars de la cote parisienne s'impose. Le constat est édifiant : aucune société du CAC 40 n'est dirigée par une femme. Tout au plus peut-on saluer la louable exception de Patricia Barbizet, la femme de confiance de François Pinault, à la présidence du conseil de surveillance de PPR, bien que les rênes restent aux mains de Serge Weinberg. Pourtant, la féminisation des conseils d'administration des poids lourds de la cote a fait quelques progrès en deux ans, selon la dernière étude menée par l'association Action de femme : au 31 juillet 2003, 27 femmes au total occupaient 34 mandats sur les 557 postes d'administrateurs, contre 25 femmes pour 29 mandats sur 533 sièges au 31 juillet 2001. Une progression de 12% mais un pourcentage qui reste dérisoire, 6% seulement des postes, et une augmentation de 2 femmes seulement en valeur absolue : au lieu de s'étendre, la féminisation se concentre donc au profit de quelques heureuses élues très sollicitées!Du côté des sociétés du SBF 120, le chiffre est à peine supérieur (6,5%). En revanche, dans cet indice qui compte un nombre important d'entreprises familiales, où des femmes accèdent plus souvent aux commandes à la faveur de successions, on relèvera quelques dirigeantes de premier plan telles que Annette Roux, la présidente de Bénéteau, ou Dominique Hériard-Dubreuil, PDG de Rémy Cointreau, ainsi qu'Elisabeth Badinter à la présidence du conseil de Publicis. Quelques exemples qui ne doivent pas occulter une réalité qui a la vie dure : plus de la moitié des sociétés du SBF 120 ne comptent aucune femme dans leurs instances dirigeantes.Le sexisme de la Bourse n'est cependant pas plus exacerbé qu'ailleurs. Sur un plan plus national, selon les toutes dernières statistiques de l'Insee parues vendredi, seulement 17% des 300.000 dirigeants en France sont des femmes! Un chiffre, faut-il le rappeler, 2,5 fois inférieur à la proportion des femmes dans la population active, soit 45%. Madame le ou "la" PDG reste une exception: la proportion tombe à un sur dix pour la fonction suprême. Et non seulement elles se comptent sur les doigts d'une main mais en plus elles sont moins bien payées: si l'écart de rémunération entre les deux sexes est en moyenne de 20% chez les salariés, il grimpe à 33% chez les dirigeants!Dur, dur d'être une PDG. Un écart qui s'explique notamment parce qu'elles restent souvent cantonnées aux PME, où les émoluments sont moins généreux. Et pourtant, selon une enquête du très sérieux magazine américain Fortune, les sociétés dirigées par des femmes affichent des retours sur investissements supérieurs à ceux des entreprises aux commandements masculins. Alors messieurs les administrateurs, à défaut de promouvoir l'égalité professionnelle et de vouloir briser le fameux "plafond de verre", un petit effort d'ouverture pour encourager la diversité, au moins au nom de la rentabilité!
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