"Nous préférons jouer les entreprises de l'Ouest qui investissent à l'Est"

latribune.fr- L'élargissement va-t-il selon vous provoquer un afflux de capitaux vers l'Est?Jean-Charles Naudin- A priori non. Il y a déjà eu de nombreux investissements industriels depuis 2 à 3 ans. Quant aux marchés, s'ils ont connu de très bonnes performances sur la même période, c'est en partie dû à la spéculation passée sur l'entrée dans l'Union. Mais aussi au dynamisme économique de ces pays. Or sur ce point, bien que la tendance reste porteuse, elle devrait s'atténuer. Les coûts salariaux vont progresser, le possible déclin démographique est un handicap et l'harmonisation fiscale ne va pas jouer en faveur des pays de l'Est. Cela veut-il dire que ces marchés sont aujourd'hui surévalués?Il n'y a pas de bulle à l'Est. Mais l'intérêt à investir sur cette zone tend à diminuer. En termes de prime de risque, la décote de la Pologne, de la République Tchèque et de la Hongrie par rapport aux places de l'Ouest est de 10% contre une tendance historique de 25 à 30%. Cela ne nous incite donc pas à nous orienter vers ces marchés. Si l'écart de dynamisme entre l'Est et l'Ouest va se réduire peu à peu, l'écart de valorisation s'est d'ores et déjà pratiquement résorbé. En outre, l'élargissement ne lève pas tous les obstacles. La taille des entreprises (en termes de capitalisation) pourrait être un problème pour les gérants, notamment pour des questions de volatilité, qui a déjà beaucoup augmenté ces dernières années. Enfin, le risque de change va persister pour les nouveaux entrants.Mieux vaudra donc attendre l'entrée dans la zone euro...L'intégration dans la zone euro sera certainement un atout supplémentaire pour attirer l'investisseur. Mais cette perspective est encore lointaine. Avez-vous malgré tout décelé des dossiers intéressants?Pour l'instant nous ne regardons pas directement vers les pays de l'Est. Pour toutes les raisons que nous avons évoquées, l'intérêt nous paraît aujourd'hui limité. Et puis se pose également pour nous le problème du "benchmark" [ndlr : indice de référence qui permet d'étalonner la performance d'un fonds]. Pour une société de gestion un benchmark renommé est un argument commercial essentiel. Or, aujourd'hui, MSCI et FTSE ne classent les places de l'Est que dans les zones émergentes. Ce phénomène leur barre l'entrée dans les fonds internationaux "classiques", ce qui est le cas chez nous.Comment dans ces conditions tirer profit du potentiel économique - même s'il se réduit - des pays de l'Est ?En fait, plutôt que de miser directement sur les entreprises de l'Est, nous préférons jouer les entreprises de l'Ouest qui investissent à l'Est. Cela permet de capter une bonne partie de la croissance des pays de l'Est, tout en réduisant le risque lié à cette zone encore émergente. Je pense notamment aux secteurs des télécoms (France Télécom), de l'alimentation et de la banque.
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