Le maître de danse du Bourgeois Gentilhomme le disait déjà en son temps (1670) : "La musique et la danse, c'est là tout ce qu'il faut". Un siècle plus tard, "Les Petits Riens" (1778) et "Don Juan ou le Festin de pierre" (1761), deux ballets-pantomimes de Mozart et de Gluck, en sont une belle illustration.

Ici, en effet, point de discours. Un cupidon, prêt à décocher, traversant la scène perché sur des filins, des poulies qui grincent, un Temple de l'Amour se dressant dans le lointain d'une campagne riante, des accessoires brillant de mille feux, des gestes d'une délicatesse extrême, tout d'entrechats mêlés, des personnages masqués sortant de terre portés par un tapis de fumée... Le spectacle donné ici sur la scène de l'Opéra Royal du Château est à la fois grandiose et précieux. Recréés dans le cadre des Grandes Journées Mozart à l'initiative du Centre de Musique Baroque de Versailles, ces deux petits bijoux d'un baroque tardif donnent un bel aperçu de ce que devaient être les représentations de l'époque.

Pourtant, explique la chorégraphe Marie-Geneviève Massé, peu d'indications sur les chorégraphies d'origine de Noverre ("Les Petits Riens") et d'Angiolini ("Don Juan") ont traversé les âges. Le pari qu'elle a relevé avec sa compagnie "L'éventail" de recréer un argument crédible est largement réussi. Soulignons également la beauté des costumes, signés Olivier Bériot ("Le Roi danse", "Fanfan la Tulipe"...) et du décor, recréé pour l'occasion par Antoine Fontaine selon des techniques anciennes et inspiré par les esquisses exécutées en 1783 par Pierre-Adrien Pâris, dernier architecte de Louis XVI.

Un regret néanmoins pour la partition de Mozart, nettement moins intense que celle de Gluck. Mais toutes deux sont magnifiquement servies, et avec un bonheur manifeste, par "Les Folies françoises", dirigées par Patrick Cohen-Akénine.


"Les Petits Riens" de Mozart et "Don Juan ou le Festin de pierre" de Gluck. Les 21, 23 et 24 novembre à l'Opéra Royal du Château de Versailles. www.cmbv.com. Tél. : 01.39.20.78.10.