Siemens sous le choc du scandale des fonds détournés

Des centaines de millions d'euros auraient été détournés dans le groupe pour pouvoir payer des pots-de-vin. Le président de Siemens a affirmé aujourd'hui que, à l'avenir, tout soupçon sera examiné à la loupe.

Une semaine que les révélations chez Siemens se succèdent. On parlait au départ de quelque 20 millions d'euros de fonds détournés. Aujourd'hui, le procureur de Munich indique que 200 millions au moins auraient été transférés sur des comptes spéciaux par le pôle réseaux d'entreprise de la division téléphonie du groupe allemand pour pouvoir verser des pots-de-vin pour faciliter l'obtention de commandes. Six personnes sont toujours sous les verrous, dont un cadre très haut placé, gérant d'une filiale et ancien directeur financier de la division Com. Une affaire loin d'être anodine, même si le groupe a été montré du doigt régulièrement par le passé lors de ses assemblées générales par des actionnaires qui lui reprochaient des pots-de-vin dans certains pays pour obtenir des marchés.

"Cela fait 25 ans que je suis dans le groupe. Cette affaire m'émeut considérablement", a d'ailleurs indiqué, visiblement touché, Martin Goetzeler, le président du directoire d'Osram, la filiale éclairage de Siemens, en présentant les comptes de son dernier exercice. Juste avant, le président du groupe, Klaus Kleinfeld, avait fait passer un nouveau communiqué pour indiquer que Siemens suspendra à l'avenir tous ses salariés soupçonnés d'actions illégales. Un message très ferme qui prouve que l'affaire est non seulement en train d'ébranler sa réputation à l'extérieur mais entraîne aussi surtout un malaise interne. Lesdits soupçons seront évalués par un arbitre indépendant, à savoir le médiateur nommé vendredi dernier.

Siemens a chargé un cabinet d'avocats de Nuremberg de recevoir de manière "confiante et anonyme" les éventuels témoignages de salariés qui auraient été témoins de pratiques répréhensibles. Il a aussi entrepris de réexaminer sa charte de bonne conduite interne.

"Nous devons clarifier et punir sans merci les irrégularités", a ajouté Klaus Kleinfeld, qui depuis des mois est occupé une bonne partie de son temps à éteindre les foyers qui ne cessent de s'embraser. Car les journaux allemands n'hésitent pas à le mettre en Une. On lui a d'abord reproché l'augmentation de 30% des salaires du directoire alors que Siemens en Allemagne multiplie les plans de suppressions d'emplois dans certains secteurs. Il a été accusé ensuite d'avoir cédé sa division de téléphones mobiles à BenQ pour ne pas avoir lui-même à mettre la clé sous la porte. Et aujourd'hui, cette vaste affaire de détournement de fonds qui aurait eu lieu toutefois avant 2002, donc à une période où il était encore président de Siemens America. Il est pourtant aux yeux de certains journaux le principal accusé. Pour preuve, estiment -ils, son bureau a été perquisitionné aussi la semaine dernière.

"C'est un peu décourageant. Le groupe fait énormément de progrès en matière de rentabilité et on ne voit que les affaires", se plaint un haut dirigeant. "On voit mal comment Klaus Kleinfeld ne peut pas être personnellement affaibli", ajoute un autre fin connaisseur du groupe. Certains observateurs se demandent même si les campagnes ne sont pas orchestrées sciemment pour à terme le conduire à perdre son poste. Il n'empêche que les faits sont bien là. Même s'il ne s'agit que de quelques personnes sur un total de 450.000 dans le monde.

Le dossier pourrait aussi avoir un effet boomerang sur Heinrich von Pierer, aujourd'hui président du conseil de surveillance. Certaines associations de petits actionnaires réclament son départ s'il est prouvé qu'il était au courant des caisses noires. L'affaire va avoir également un effet évident sur l'image de l'industrie allemande dans son ensemble. Pas étonnant que les hommes politiques commencent à monter au créneau.

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