Foire d'empoigne outre-Manche autour du capital de ITV

BSkyB s'est octroyé 17,9% du capital de ITV, son concurrent dans la télévision par satellite. Egalement intéressé par ITV, le câblo-opérateur NTL et son premier actionnaire, le milliardaire Richard Branson, proteste et demande l'intervention des autorités britanniques de la concurrence.

C'est la bataille du moment outre-Manche. Elle porte sur le capital du bouquet satellite ITV. Vendredi, son concurrent BSkyB, le groupe dirigé par James Murdoch, le fils du magnat de la presse australo-américain Rupert Murdoch, a annoncé après la clôture de la bourse qu'il venait de racheter 17,9% d'ITV pour 940 millions de livres sterling soit 1,39 milliard d'euros, à 135 pence par action, un prix supérieur de 16,6% au prix de clôture d'ITV vendredi.

Il a rappelé que la loi lui interdit d'en détenir plus de 20% et qu'il n'irait donc pas au delà de cette limite. Du coup, la presse a interprété cette opération comme un mouvement destiné à dissuader le câblo-opérateur NTL de faire une offre sur ITV puisqu'il devrait maintenant composer avec BSkyB. Or, NTL a clairement affiché son intérêt ces derniers temps pour ITV.

NTL et son premier actionnaire (à 10,6%), le milliardaire touche-à-tout Richard Branson, patron du groupe Virgin, ont dénoncé l'entrée de BSkyB dans le capital de ITV et demande au gendarme de la concurrence britannique, l'OFT, office of fair trading, d'intervenir. Ils estimement que les actionnaires d'ITV qui n'ont pas vendu leurs titres à BSkyB ont été lésés. L'ancien premier actionnaire d'ITV avec plus de 11%, le fonds Fidelity, a, lui vendu ses parts au groupe dirigé par James Murdoch.

Du côté de BSkyB, on souligne que NTL n'est pas le seul à pouvoir nourri des appétits à propos d'ITV. Certains prêtent aussi l'intention à BSkyB de s'associer, pour prendre le contrôle de ITV, à un autre groupe, RTL, filiale du géant allemand Bertelsmann, (dont le nom avait été avancé vendredi par le Financial Times comme pouvant s'intéresser à ITV) et qui possède une autre chaîne britannique, Five.


Une concurrence croissante des réseaux
La bataille qui se livre outre-Manche traduit la concurrence croissante entre les réseaux de distribution de la télévision. Ici, le câble, NTL et ses 3,4 millions d'abonnés, s'affronte au satellite, BSkyB et ses près de 8 millions d'abonnés. La lutte dépasse désormais la conquête d'abonnés pour la télévision payante. NTL a racheté cette année l'opérateur de téléphonie mobile de Richard Branson, Virgin Mobile, et s'apprête à faire passer dès l'an prochain l'ensemble de son offre de service - TV, téléphonie fixe et mobile, Internet haut débit - sous la marque Virgin Media. L'acquisition d'ITV lui aurait permis d'ajouter à ces activités basées sur l'abonnement, un actif reposant sur des recettes publicitaires. NTL a déjà menacé cette année d'attaquer Sky sur un des contenus exclusifs qui lui permettent d'attirer les abonnés: le Championnat national de football. D'où la rapide réaction de BSkyB pour contrer le développement d'un tel acteur global. BSkyB, qui a racheté un fournisseur d'accès Internet Easynet, et lancé une offre de haut-débit et de téléphonie pour fidéliser ses clients ou en attirer de nouveaux, est moins avancé que son concurrent dans la mise en oeuvre d'une stratégie "quadruple play".
Isabelle Repiton

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