L'annonce de ce départ fait la une des tabloïds britanniques parus ce matin outre-Manche. Le président de la BBC Michael Grade a quitté ses fonctions pour prendre les rênes d'ITV, la principale chaîne privée concurrente en Grande-Bretagne, au 1er janvier 2007. Cette dernière précise dans son communiqué que "la démission prend effet immédiatement". Il s'agit d'un coup dur pour la radiotélévision publique britannique qui traverse actuellement une délicate période de transition avec la renégociation de son mode de financement par la redevance qui expire fin décembre 2006.

Pour ITV, c'est tout le contraire. Confrontée à l'érosion de ses audiences et de ses recettes publicitaires, la chaîne se cherchait un nouveau patron depuis l'annonce, l'été dernier, du départ de Charles Allen, son ancien directeur général. L'arrivée de Michael Grade est à ce titre une excellente nouvelle. Il remplacera également l'actuel président du groupe, Peter Burt, pour un mandat de trois ans au cours duquel il lui appartiendra de nommer un directeur général à part entière, pour se consacrer à sa seule fonction de président. "Ma première priorité pour ITV sera de soutenir l'équipe dans son effort, afin d'accélérer l'amélioration de la programmation, pour les téléspectateurs comme pour les annonceurs", a-t-il déclaré.

Le groupe ITV, rival historique de la BBC, revendique la moitié du marché publicitaire du petit écran au Royaume-Uni grâce à ses multiples déclinaisons régionales, mais il pâtit d'une image vieillotte qu'il tente de moderniser en se développant dans le numérique et sur Internet. Dans son communiqué, la chaîne privée affirme qu'elle "va énormément profiter de l'expérience sans pareil" apportée par Michael Grade, dont le salaire annuel sera de 825.000 livres, soit environ 1,2 million d'euros.

Quoiqu'il en soit, la nomination de l'artisan de la modernisation de la chaîne publique, affublée du surnom d'"Auntie" (Tantine) par les Britanniques, tombe à pic pour rassurer les investisseurs et renforcer le groupe ITV, actuellement fragilisé par des risques d'OPA. Le bouquet satellite BSkyB, contrôlé par le "tycoon" des médias Rupert Murdoch, en est d'ailleurs récemment devenu le premier actionnaire, afin de contrer une offre de rachat du câblo-opérateur américain NTL, dont l'homme d'affaires Richard Branson est le premier actionnaire.