Euro : les ministres des Finances européens sereins sauf Thierry Breton

Lundi soir s'est tenue la réunion de l'Eurogroupe à Bruxelles. Les ministres des Finances des douze pays de la zone euro, se sont montrés sereins face à la nouvelle hausse du taux de change de la monnaie unique. La France a lancé lundi un appel à la "vigilance collective" face à la flambée de l'euro, mais celui-ci n'a suscité qu'un faible écho chez les autres pays membres de l'Eurogroupe au motif que la croissance vigoureuse de la région ne devrait ralentir que légèrement l'an prochain.

A l'exception de Thierry Breton, ministre français de l'Economie et des Finances qui a estimé que la dépreciation du dollar face à l'euro appelait à une grande "vigilance collectives, ses collègues des pays de la zone euro, se sont montrés plus sereins face à la nouvelle hausse du taux de change de la monnaie unique.

Après le décrochage du dollar à la veille du week-end, l'euro a en effet atteint lundi ses niveaux les plus élevés face au billet vert depuis 20 mois, jusqu'à 1,3177 dollar, et a franchi un nouveau plus haut historique face au yen japonais, à 152,49 yen pour un euro.

Le président de l'eurogroupe Jean-Claude Juncker a estimé que le taux de change ne posait pour l'instant pas de problème mais qu'une "volatilité excessive" de la monnaie unique n'était "pas souhaitable pour la croissance" et que l'eurogroupe resterait "vigilant". "Nous pensons que le taux de change actuel n'entraîne pour le moment aucune conséquence" facheuse, a déclaré Jean-Claude Juncker lors de la conférence de presse finale.

"Nous pensons toujours qu'une volatilité excessive et des mouvements désordonnés seraient peu souhaitables pour la croissance économique", aussi "nous continuerons à observer attentivement les développements" sur les marchés des changes, a-t-il précisé.

Un peu plus tôt, le ministre des Finances néerlandais Gerrit Zalm avait estimé inutile de "s'inquiéter prématurément". "Nous ne devons pas commencer à nous inquiéter prématurément", a-t-il déclaré, ajoutant que "bien sûr un euro fort est une bonne chose pour les consommateurs même si c'est mauvais pour les exportations".

"On résiste mieux à des chocs externes avec un euro fort", a expliqué pour sa part le ministre belge Didier Reynders prenant l'exemple des prix pétroliers.

Seul leur homologue français Thierry Breton a exprimé au contraire l'inquiétude qui règne à Paris alors que la France a enregistré une croissance nulle au troisième trimestre. Certains économistes estiment qu'un euro trop fort serait effectivement dommageable pour la croissance économique de la zone euro. "Si l'euro reste au niveau actuel, cela pourrait réduire la croissance de 0,2 a 0,3 point l'an prochain", indique Eric Chaney, économiste chez Morgan Stanley.

"Un euro durablement fort serait dommageable pour la compétitivité de la zone euro et s'ajouterait aux vents contraires que l'économie européenne affrontera en 2007", tels que le ralentissement de la croissance mondiale et les prix du pétrole toujours élevés, renchérit Howard Archer, de Global Insight.

Pour le ministre autrichien Karl-Heinz Grasser, l'évolution des taux de changes reflète en grande partie les différences dans le cycle économique aux Etats-Unis, où la croissance ralentit, et la zone euro, où elle accélère.
"Les données économiques fondamentales de la zone euro sont très bonnes. La croissance avance bien, l'inflation est sous contrôle et la consommation des ménages se redresse. Nous sommes très optimistes en ce qui concerne l'an prochain", a expliqué le ministre autrichien.

Comme au printemps dernier, un débat sur la politique monétaire pourrait ressurgir entre les grands argentiers et la Banque centrale européenne (BCE). Le ministre belge Didier Reynders a mis en garde la BCE contre une "hausse programmée et prévisible, mois après mois, trimestre après trimestre" de ses taux directeurs, "alors même que l'économie ralentirait".

Les économistes jugent que la poussée de l'euro ne devrait pas infléchir dans l'immédiat la politique de la BCE. Ils attendent toujours en décembre un relèvement de son principal taux directeur, de 3,25% à 3,50%. Le mouvement de hausse de l'euro "pourrait changer un peu la rhétorique" de la BCE après la hausse de décembre, selon Holger Schmieding, de Bank of America. Mais si l'euro ne monte pas davantage, la Banque devrait porter ce taux à 3,75% en mars prochain.

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