Stephen Harper reconnaît le statut de "Nation" au Québec

Le Premier ministre canadien estime que la Belle Province est une "nation au sein du Canada". Une initiative qui vise à couper l'herbe sous le pied des indépendantistes et à faire regagner du crédit au parti conservateur auprès des électeurs québécois.

Le Premier ministre canadien Stephen Harper (parti conservateur) a créé la surprise mercredi soir en annonçant son intention de déposer un texte à la Chambre des communes stipulant que "le Québec est une nation au sein du Canada". Pour de nombreux observateurs, il s'agit d'une déclaration sans précédent, le qualificatif "d'historique" étant assez fréquent dans les commentaires de la presse locale. "La vraie question est simple, a lancé Harper aux députés canadiens. Est-ce que les Québécoises et les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni? La réponse est oui. Est-ce que les Québécoises et les Québécois forment une nation indépendante du Canada? La réponse est non et elle sera toujours non."

Cette sortie, on s'en doute, n'a pas plu au Bloc Québécois de Gilles Duceppe. "Les Québécois forment une nation, pas seulement à condition de rester dans un Canada supposément uni", a ainsi rétorqué le leader indépendantiste qui n'a guère goûté la sortie de Stephen Harper. De fait, le Premier ministre canadien a clairement décidé de couper l'herbe sous le pied des indépendantistes québécois qui préparaient de leur côté une motion destinée à rappeler que le Québec est une nation sans pour autant faire mention de son appartenance au Canada.

L'initiative de Harper est aussi destinée à lui faire regagner son crédit perdu auprès des électeurs québécois. Lors des élections législatives anticipées de janvier 2006, le parti conservateur avait réalisé une percée spectaculaire dans la Belle Province en obtenant 10 sièges de députés (sur 75) contre zéro lors du précédent scrutin. Ce score régional avait d'ailleurs beaucoup pesé dans la victoire des conservateurs qui ont mis fin à treize années de règne des libéraux. Mais depuis, le Québec a repris ses distances avec Harper, lui reprochant notamment son hostilité au protocole de Kyoto ainsi que son opposition aux diverses initiatives écologistes que le gouvernement de Québec souhaiterait voir adoptées au plan fédéral.

En concédant aux Québécois le statut de nation pour leur province, le premier ministre Harper s'est donc clairement adressé à ceux qu'effarouche la perspective d'une indépendance de la Belle Province, ceci dans la perspective d'un nouveau référendum sur ce thème. Il y a dix ans, les indépendantistes avaient raté le coche de peu et ces derniers tentent actuellement de remettre la question sur le tapis. Enfin, dans le même temps, Harper peut compter sur le soutien des libéraux dont le principal parti d'opposition (101 députés contre 124 pour les conservateurs sur un total de 308) est clairement opposé à l'indépendance du Québec.

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