La question des universités payantes au coeur de la campagne présidentielle

Frais d'inscription plus chers, financements par des entreprises ou effort budgétaire massif: la Conférence des Présidents d'Université et le syndicat étudiant Unef ne sont pas d'accord.

Alors que tout le monde s'accorde à dire, le ministre de l'Education en tête, que le problème de l'université sera au coeur de la campagne électorale, le débat sur les universités payantes sera sans doute l'une des questions les plus prégnantes. La discussion a d'ailleurs déjà commencé avec la publication récente du Rapport Hetzel qui soulignait la nécessité pour les universités de faire évoluer leur système de gouvernance et de développer de nouvelles formes de coopération avec des partenaires économiques, en l'occurrence les entreprises.

Le Cercle de Vinci réunissant des grandes entreprises comme Areva, SFR, Renault ou Bouygues avait dès le mois de juillet publié des proposition très intrusives, demandant à l'université de se convertir à la logique de marché qu'ont depuis longtemps adopté les "Grandes écoles" afin de se donner les moyens du succès des formations .

La Conférence des Présidents d'Université (CPU) a laissé entendre mardi dernier, dans une Lettre ouverte interpellant les candidats à l'élection présidentielle, que pour sauver l'université, il fallait non seulement rapidement injecter au moins 3 milliards d'euros dans le budget mais également prévoir une augmentation des frais d'inscription. A ces conditions, les universités pourront gagner en autonomie et être compétitives sur le plan mondial. A l'heure actuelle, un étudiant en faculté coûte 6.800 euros. Il faudrait augmenter à 9.000 euros, pense Yannick Vallée, le président de la CPU. "Ce coût important suppose que l'Université prenne sa part de responsabilité dans l'amélioration". Pour ce faire, selon lui, elle doit réduire son fort taux d'échec et être plus élective à l'entrée.

Des prises de position qui n'ont pas plu du tout au président de l'Unef, Bruno Julliard, qui vient de leur répondre, jeudi, en jugeant "irresponsables" et "inquiétantes" ces propositions. Le syndicat étudiant a cependant salué l'interpellation de la CPU aux candidats sur le fait qu' "il faudrait rapidement injecter dans le budget de nos universités au moins trois milliards d'euros pour leur permettre de se comparer sans rougir à leurs consoeurs des autres pays développés et de certains pays".

Dans ce contexte, plusieurs universités ont déjà concrètement apporté leur pierre à cette question du financement en créant des chaires financés par les entreprises. L'Université Paris Dauphine vient tout juste d'annoncer qu'elle va créer quatre chaires de recherche et d'enseignement qui seront entièrement financées par des entreprises (EDF et Calyon, Axa, Groupama, AGF), "une première dans les universités françaises", a indiqué à l'AFP son vice-président Elyès Jouini. Selon M. Jouini, quelque 500 étudiants en master finance et assurance sont concernés par ce projet, sur un total de 9.000 dans l'université. "Pour les entreprises, l'intérêt est d'avoir accès à un vivier d'étudiants de qualité. C'est plutôt un partenariat qui débouchera sur plus de stages et d'embauches pour nos étudiants", a ajouté le vice-président de Dauphine.

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