Nouvelle journée d'action des chercheurs en colère

A l'occasion du vote du budget de la recherche à l'Assemblée, les scientifiques lancent demain une journée d'action au moment. Au CNRS, les tensions sont vives.

La crise est loin d'être passée avec les chercheurs. Avec la réforme du Pacte pour la recherche et la montée en puissance de l'ANR (Agence nationale de la recherche), c'est le CNRS qui craint aujourd'hui pour son existence.
Sa nouvelle présidente, Catherine Bréchignac, nommé en janvier, vient de susciter le tollé dans les labos en affirmant que "le rapport qualité-prix n'est pas terrible" et qu'il fallait ne retenir des sciences de la vie que deux priorités : les neurosciences et la biologie intégratives.

Une telle dénonciation publique est peu commune de la part d'un responsable d'établissement public qui aux yeux des chercheurs fait craindre un avenir sombre à l'organisme et à la biologie. On avait pas besoin de ça, pense Henri Audier, directeur de recherche à Polytechnique: "Le rapport entre les Etats-Unis et toute l'Europe pour le chiffre d'affaires des biotechnologies est de 22. Il est de 200 avec la France".

Appelant à une journée d'action le mardi 21 novembre, jour où sera voté le budget de l'enseignement supérieur et de la recherche 2007 (21, 6 milliard, + 3,4%), les syndicats et le collectif "Sauvons la recherche" entendent ainsi rappeler plusieurs caractéristiques françaises qu'ils jugent néfastes.

A leurs yeux, la tendance est de privilégier la rentabilité à court terme de la recherche finalisée au détriment de l'exigence de risques en recherche fondamentale sur le long terme. Dans le plan de Catherine Bréchignac, l'essentiel de la biologie passerait à l'Inserm qui pourrait décider d'une orientation de la biologie sur les applications médicales immédiatement rentabilisées. Le CNRS ne serait plus alors qu'une enveloppe chargé de gérer l'intendance. "Il n'y aurait plus aucun organisme réellement pluridisciplinaire" déplorent les scientifiques.

Deuxième défaut selon les chercheurs en colère : penser qu'on est les plus mauvais. "L'organisme publique de recherche reste l'un des rares pôles d'attraction du système français comme en témoignent les grands nombres d'étrangers candidats au recrutement, malgré les conditions salariales peu favorables" souligne Francis-André Wollman, biologiste, directeur de recherche CNRS. C'est le seul organisme français qui mise sur l'enrichissement mutuel des disciplines. "Si nous n'avions pas le CNRS la recherche serait grabataire" n'a pas manqué récemment de souligner Edouard Brezin, ex-Président de l'Académie des sciences."

Ce mouvement dénonce aussi la propension à constituer un mille feuille administratif. Les scientifiques soulignent la mauvaise habitude prise par les gouvernements à entasser les structures. Trop d'agences (AERES, A2I, ANR, OSEO), trop d'entités et de strates nouvelles (67 Pôles de compétitivité divisés en 3 catégories, 12 Réseaux Thématique de Recherche Avancée, 20 label Carnot...), cela finit par créer une usine à gaz chere à entretenir.

Ces chercheurs critiquent enfin le dirigisme de l'état. L'Agence Nationale de la Recherche, pilotée par le Ministère, devient l'organisme pivot qui définit les thématiques de recherche. Les experts à la tête de ces organismes (ANR, Haut Conseil de la Science et de la Technologie, RTRA...) sont nommés par l'état. Selon le Conseil économique et social, le gouvernement peut trop facilement sacrifier tel secteur pour en promouvoir un autre, en fonction des opportunités des marchés de l'innovation mais pas forcément des impératifs de recherche fondamentale.

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