Sous pression, Siemens prend comme conseiller un fondateur de Transparency International

Accusé de ne pas régler avec suffisamment de détermination son affaire de corruption, Siemens vient de nommer Michael Hershman pour le conseiller dans sa lutte contre la corruption. Une mesure qui doit apaiser un dossier qui est en train de devenir une poudrière.

Siemens prend le taureau par les cornes pour éviter de se trouver enlisé dans l'affaire de corruption qui entache le groupe ces dernières semaines. Le conseil de surveillance, le directoire et le comité d'audit du groupe allemand ont décidé de faire appel aux services de Michael Hershman, président du spécialiste du recrutement The Fairfax Group et l'un des fondateurs de l'organisation non gouvernementale (ONG) Transparency International, pour le conseiller dans sa lutte interne contre la corruption.

Cette nomination intervient quelques jours après que la filiale allemande de l'ONG, qui a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille, eut menacé Siemens de l'exclure si le conglomérat ne répondait pas rapidement à ses demandes d'informations. Pour l'instant son adhésion à la Transparency Allemagne a été mise en sommeil.

La nomination d'un expert américain en vue doit surtout permettre d'éviter que la SEC, le gendarme de Wall Street, n'ouvre une enquête contre Siemens pour avoir omis de l'avoir averti des plaintes en cours en Suisse et en Grèce qui ont précédé les arrestations le mois dernier en Allemagne.

Six responsables ou ex-responsables du conglomérat ont déjà avoué à la justice allemande avoir installé ou alimenté en Suisse, en Autriche et au Liechtenstein des caisses noires pour le groupe allemand, destiné à récupérer des contrats pour sa division de communication. Au moins 200 millions d'euros au total auraient été détournés.

Siemens a confié par ailleurs le soin au cabinet d'avocats spécialisé Debevoise et Plimpton LPP de conduire un audit indépendant sur son système anti-corruption actuellement en place. Il sera appuyé par le cabinet d'audit KPMG, qui signe son bilan.

Le groupe allemand a annoncé également la nomination à la tête de ses services chargés de la lutte anticorruption et à compter du 1er janvier d'un expert indépendant qui vient du monde de la justice. Son nom toutefois n'a pas été communiqué.

"Siemens ne tolère absolument aucun comportement irrégulier ou illégal de la part de ses employés. Notre tolérance dans ce domaine est égale à zéro", a bien insisté son président du directroire, Klaus Kleinfeld. Il doit donner ce mardi de nouvelles informations au cours d'une conférence de presse.

Car la pression monte. Ce week end un journal allemand indiquait que l'affaire des caisses noires menaçait le projet de joint-venture avec l'équipementier finlandais en télécoms Nokia. Une information aussitôt démentie aussi bien par Nokia que par Siemens.

Plusieurs journaux allemands par ailleurs ont réclamé la démission du président du conseil de surveillance, Heinrich von Pierer, estimant qu'il y avait forcément conflit d'intérêts s'il restait en poste sachant que les faits ont eu lieu alors qu'il était président du directoire de Siemens.


Révision des comptes à cause de l'"affaire"
Suite à l'affaire de corruption sur laquelle enquête actuellement le parquet de Munich, Siemens a légèrement revu à la baisse ses bénéfices pour son dernier exercice clos au 30 septembre. Au lieu de 3,106 milliards, le bénéfice net aura atteint finalement seulement 3,033 milliards. La révision à la baisse est imputable à des charges fiscales supplémentaires liées aux problèmes de corruption. Sur sept ans, le montant totale des charges supplémentaires est de 168 millions, vient d'indiquer Siemens dans un communiqué.

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