L'interrogatoire de Dominique de Villepin par les juges du pôle financier de Paris en charge de l'affaire Clearstream, qui avait débuté vers 9 heures jeudi, se prolongeait dans la soirée, après une pause-déjeuner au cours de laquelle le chef du gouvernement a pu regagner l'hôtel Matignon afin de "faire le point des dossiers".

C'est seulement la deuxième fois sous la Cinquième République qu'un Premier ministre est entendu comme témoin par un juge, après Lionel Jospin en 2001 dans une affaire de financement du PS.

Les juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons doivent déterminer quel a été le rôle exact de Dominique de Villepin dans cette affaire de manipulation menée avec des faux listings de comptes de l'instituion financière luxembourgeoise Clearstream sur lesquels figuraient des centaines de noms, dont ceux de Nicolas Sarkozy, Jean-Pierre Chevènement, Alain Madelin et Dominique Strauss-Kahn.

Selon l'accusation, ces fausses listes ont été fabriquées en 2003 par Imad Lahoud, alors cadre d'EADS, à partir de documents authentiques dérobés chez Clearstream par un consultant, Florian Bourges, et transmis à un journaliste, Denis Robert.

Les fausses listes ont été remises au juge Renaud Van Ruymbeke au printemps 2004 par Jean-Louis Gergorin, ancien proche de Dominique de Villepin et vice-président d'EADS, démarche qui a entraîné une enquête officielle menaçante pour les personnes concernées.

Le chef du gouvernement nie avoir eu en mains les fausses listes, mais Philippe Camus, ancien co-président d'EADS, aurait déclaré aux juges le 13 décembre que Jean-Louis Gergorin lui avait affirmé avoir remis ces documents à Dominique de Villepin, selon Le Monde daté de vendredi.