La pharmacie forcée à se concentrer

Une étude d'Euler Hermes indique que la baisse des prix structurelle et généralisée des médicaments va acccélérer le phénomène de consolidation dans le secteur pharmaceutique, notamment en Europe de l'Ouest. Alors que les laboratoires doivent trouver des solutions pour maintenir leurs marges.

Le phénomène de concentration auquel on assiste dans le secteur pharmaceutique va se renforcer, voire s'accélérer. C'est ce que démontrent les analystes-crédits d'Euler Hermes, dans une étude sectorielle décortiquant les grandes tendances du marché pharmaceutique mondial.

Pour eux, la raison première d'une consolidation à venir de la pharmacie demeure la baisse structurelle des prix des médicaments que l'on constate notamment depuis deux ans. En effet, si les volumes de médicaments continuent de progresser, les prix, eux, n'ont de cesse de chuter.

"Les taux de croissance sont tirés par les volumes car les dépenses des ménages en termes de soins (médicaments) progressent plus vite que les croissances du PIB, en moyenne", explique Philippe Brossard, directeur de la recherche. Les dépenses en médicaments représentent pour leur part 20 % des dépenses globales en santé.

En revanche, si la consommation de médicaments en volume va continuer à progresser, "le mur des déficits des régimes de santé devient difficilement supportable", selon les analystes d'Euler Hermes, ce qui favorise une baisse structurelle des prix des médicaments. Aux Etats-Unis, Medicare affiche un déficit de 130 milliards de dollars en 2005. En France, le déficit de l'assurance-maladie est de 8,3 milliards en 2005.

En outre, les laboratoires font face à la perte de brevets sur des "block busters" (médicaments dont le chiffre d'affaires dépasse 1 milliard de dollars), et à la montée en puissance des médicaments génériques, favorisée d'ailleurs par les politiques des Etats afin de réduire leurs déficits dans la santé. Dans ce contexte, les prix dans le monde, et en particulier en Europe, chutent, avec un vrai infléchissement en 2004. En Europe, qui représente 30 % du chiffre d'affaires mondial du secteur en termes de débouchés en 2005, l'évolution des prix à la consommation des médicaments est devenue négative à partir de 2004.

Au final, cette tendance pèse sur les marges des laboratoires. Alors qu'en 2002, la marge opérationnelle moyenne du secteur était de 29 %, elle est tombée à 24 % en 2006 et devrait s'inscrire à un peu de plus de 23 % en 2007. Ainsi, pour lutter contre cette tendance, les laboratoires cherchent à externaliser leurs coûts pour limiter des dégâts, et à se restructurer. Mais aussi à réaliser des synergies dans la distribution.

C'est dans ce contexte que les analystes d'Euler Hermes s'attendent, notamment en Europe de l'Ouest, à une accélération de la consolidation du secteur. Les "biotech" doivent faire partie des cibles privilégiées, alors que les grands groupes sont enclins à externaliser leur recherche-développement afin de limiter les risques et les coûts, mais aussi les groupes de plus grande taille, comme on a pu le voir avec Bayer et Schering AG.

Sans compter que l'affaiblissement des marges et la perte de "lisibilité" du secteur pour les investisseurs se traduisent par une évolution erratique des cours de bourse, ce qui peut favoriser des OPA dans le secteur.

"En outre, comparé à d'autres secteurs industriels, la pharmacie paraît encore très peu concentrée, ajoutent les spécialistes d'Euler Hermes, et les acteurs du secteur, avec des bilans très sains et des trésoreries solides, ont les moyens d'opérérer ces acquisitions".

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