L'encombrant héritage du "maestro"

La planète financière a beau s'inquiéter, Ben Bernanke affirme que le niveau d'endettement des ménages américains est "gérable". Sauf celui des plus démunis qui auraient dû faire preuve de plus de discernement quand la Fed menait une politique très accommodante-

Les prix de l'énergie restent stratosphériques, les pressions inflationnistes menaçantes et, de fait, les taux d'intérêt seront encore appelés à monter. Mais la situation des ménages américains est loin d'être critique et il n'y a pas de raison de s'inquiéter outre mesure: c'est en tout cas le message que vient d'adresser cette semaine Ben Bernanke à un parterre d'élus locaux venus chercher un peu de réconfort à Washington auprès du président de la Réserve fédérale.

Pendant que la planète financière s'alarme de l'accroissement des déséquilibres internationaux, le successeur d'Alan Greenspan, lui, se veut rassurant et estime donc que l'endettement des ménages américains se situe "à un niveau gérable". "Les ménages américains gèrent bien leurs finances personnelles dans l'ensemble (...) et le taux de défaillance sur les prêts à la consommation et les prêts immobiliers est faible", s'est félicité mardi l'ancien chef des conseillers économiques de la Maison-Blanche, quelques mois à peine après que le taux d'épargne des ménages est devenu négatif...

En d'autres termes, les ménages seront tout à faits aptes à absorber de nouveaux resserrements du taux interbancaire, prévient Ben Bernanke. Depuis deux ans, la banque centrale la plus puissante du monde a remonté son taux de base à seize reprises, le faisant passer à 5%, ce qui a eu pour conséquence de rehausser le taux de base utilisé pour de nombreuses cartes de crédit, crédits hypothécaires ou crédits à la consommation à hauteur de 8%, son plus haut niveau en cinq ans. Et le processus n'est manifestement pas achevé: Wall Street anticipe un nouvelle hausse de 25 points de base des "Fed funds" à la fin juin.

Evidemment, avec de telles conditions de crédit, les ménages les plus défavorisés risquent de moins bien s'en sortir, concède Ben Bernanke. Voilà pourquoi le chef de la Fed plaide pour une meilleure éducation financière des ménages, notamment les plus modestes, soulignant que "les personnes connaissant les concepts financiers de base sont plus à même d'équilibrer leurs comptes chaque mois, d'épargner et de détenir des comptes d'investissement".

Que dit en somme Ben Bernanke? Les ménages les plus modestes - qui ont le moins profité des réductions d'impôts soutenus par Alan Greenspan - seront les plus affectés par la remontée des taux. A qui la faute? Au système éducatif américain qui ne prépare pas les plus démunis à faire preuve de discernement face au flot continu de sollicitations visant à les faire consommer à crédit. Et la Fed dans tout ça? La politique très accommodante menée par le prédécesseur de Ben Bernanke jusqu'en 2004 ne saurait faire l'objet de la moindre critique. Encombrant héritage que celui du "maestro"!

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.