Nouveau signe de redressement de la troisième économie européenne. Selon l'enquête trimestrielle de l'Insee publiée ce matin, les industriels français n'ont jamais été aussi optimistes sur les exportations depuis octobre 2004. Au quatrième trimestre 2005 déjà, la demande en provenance de l'étranger a été particulièrement dynamique. En dehors de l'automobile et de l'agro-alimentaire, toutes les grandes industries ont bénéficié de la reprise en Allemagne, première économie européenne et principal partenaire commercial de la France, et du recul de l'euro par rapport au dollar après les sommets atteints fin 2004.

"Cette amélioration de la demande permet au taux d'utilisation des capacités de production d'atteindre 83% dans l'industrie manufacturière. C'est nettement plus qu'en fin d'année 2005 mais cela reste insuffisant pour générer un franc redémarrage des investissements de capacité cette année", estime Nicolas Bouzou, économiste chez Xerfi. Surtout, malgré cette hausse attendue des exportations, les industriels anticipent désormais un ralentissement de la demande globale. L'"orientation assez favorable de la conjoncture industrielle" perçue par les chefs d'entreprise, pour reprendre la formule de l'Insee, reste donc fragile, suspendue à la croissance allemande et à la parité euro-dollar.

Dernier sujet d'inquiétude, la baisse tendancielle des effectifs dans l'industrie manufacturière devrait se poursuivre au rythme actuel, selon l'enquête de l'institut. "Même si ce phénomène est structurel et en grande partie inévitable, il est problématique en France dans la mesure où les créations d'emplois dans les services peinent à redémarrer franchement, en dépit des mesures prises ces derniers mois pour assouplir le marché du travail", souligne Nicolas Bouzou.