EADS veut "essayer" de préserver la moitié des effectifs de la Sogerma

Alors que les salariés de la filiale d'EADS manifestaient mercredi matin à Paris, Dominique de Villepin a reçu les dirigeants du groupe pour les inciter à reconsidérer leur décision de fermeture. Le groupe aéronautique pourrait porter de 300 à 500 les effectifs sauvegardés.

Les salariés de la Sogerma - cette filiale de maintenance aéronautique dont EADS a annoncé vouloir fermer le site de Mérignac, près de Bordeaux - vont-ils obtenir gain de cause, dans leur combat contre la fermeture? L'extrême politisation du dossier leur permet de nourrir quelques espoirs, du fait de la mobilisation autour de l'affaire qui atteint désormais les plus hauts niveaux de l'Etat.

De fait, à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre Dominique de Villepin, Arnaud Lagardère, actionnaire de référence du groupe, a annoncé mercredi après-midi qu'EADS va tenter de porter les effectifs préservés sur le site de la Sogerma de 300 à 500 personnes. "A la suite des entretiens téléphoniques que nous avions eu hier avec le Premier ministre, nous avions pris, le Conseil d'administration d'EADS, l'engagement de maintenir sur le site de Mérignac 300 personnes", a-t-il affirmé à sa sortie de Matignon, ajoutant que "nous avons continué à discuter aujourd'hui, et ces discussions nous permettent de vous dire que l'on va essayer d'avancer ensemble sur un objectif commun de maintenir jusqu'à la moitié des effectifs, ce qui signifie 200 personnes supplémentaires".

Le groupe aéronautique cèderait ainsi aux considérables pressions exercées depuis quelques jours par le gouvernement. Le Premier ministre Dominique de Villepin, soucieux de restaurer son image sociale après les débâcles du Contrat Première Embauche et de l'affaire Clearstream, a en effet pris l'affaire à bras le corps. Après une visite sur place, mardi, durant laquelle il a affirmé que "supprimer 1.100 emplois d'un trait de plume", comme il est envisagé à la Sogerma, était "inacceptable", il a donc reçu ce mercredi Noël Forgeard, co-président d'EADS, et Arnaud Lagardère, afin de leur faire passer le message de vive voix.

Dans l'attente de cet entretien, les salariés de la Sogerma sont venus manifester mercredi matin à Paris. Au nombre de quelques centaines, ils sont intervenus dans un premier temps devant le siège d'EADS, avant de se rendre devant l'Assemblée nationale. Les salariés venus de Bordeaux ont reçu le soutien des patrons de la CFDT François Chérèque et de FO Jean-Claude Mailly.

L'intervention de Dominique de Villepin dans cette affaire a suscité de vives attaques de la part des syndicats et de l'opposition, qui se retrouvent pour dénoncer l'hypocrisie de l'indignation gouvernementale, alors que l'Etat est à la fois l'un des principaux actionnaires d'EADS avec 15% du capital, et l'un de ses principaux clients.

Reste que de ce fait même, le groupe aéronautique peut difficilement se permettre d'ignorer la pression du gouvernement. Ainsi a-t-il commencé à donner des signes d'apaisement dès mercredi matin. Selon Vincent Loizeau, délégué CGC de la Sogerma, qui s'exprimait à l'issue d'une rencontre avec la direction du groupe, EADS travaillerait désormais à un projet de ré-industrialisation du site de Mérignac. Dans cette perspective, le groupe n'encouragerait donc pas les salariés à s'en aller tout de suite. "EADS a reconnu que la mobilité rapide était trop dangereuse, dans la mesure où elle entraînerait des pertes de compétences. EADS freine la mobilité en enclenchant la ré-industrialisation du site, c'est une avancée", a affirmé le responsable syndical.

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