Dominique de Villepin pèse de tout son poids dans le dossier Sogerma

Le Premier ministre s'est rendu aujourd'hui sur le site girondin de la filiale d'EADS afin que les emplois y soient préservés. L'opposition fustige l'attitude du gouvernement, responsable en partie selon elle de la fermeture du site. Cédant à la pression, EADS en étudie la ré-industrialisation.

La tournure politique du dossier Sogerma prend chaque jour une nouvelle ampleur. Dominique de Villepin s'est présenté aujourd'hui sur le site de l'entreprise Sogerma, à Mérignac (Gironde) dont la fermeture annoncée le 12 mai suscite depuis plusieurs jours des tensions entre le groupe européen EADS et le gouvernement français, qui détient 15% de son capital.

Dominique de Villepin a déclaré vouloir "obtenir" la poursuite d'une activité industrielle d'EADS sur le site et que "le plus grand nombre d'emplois soit préservé". Le Parti socialiste n'a pas tardé à s'insurger contre cette démarche, dénonçant "la duplicité" du gouvernement qui a, selon lui, sa "part de responsabilité" dans la fermeture du site "en tant qu'actionnaire et en tant que donneur d'ordre". Après l'échec du CPE et le scandale de l'affaire Clearstream, Dominique de Villepin souhaiterait, par cette intervention pour sauvegarder des emplois, redorer son image auprès du public.

Trois jours après l'annonce de la fermeture de Sogerma, le chef du gouvernement avait déclaré qu'il s'agissait d'un "sujet de préoccupation majeure" pour son gouvernement. Et dimanche, faisant écho aux propos controversés de Lionel Jospin en 1999, qui avait affirmé au sujet de suppressions d'emploi chez Michelin que "l'Etat ne peut pas tout", le ministre de l'Emploi Jean-Louis Borloo avait déclaré: "l'Etat ne peut pas tout, mais l'Etat ne peut pas rien".

Interrogé par l'AFP, le politologue Philippe Braud souligne le poids d'une certaine tradition française: "Il est beaucoup plus difficile en France qu'en Grande-Bretagne, par exemple, d'accepter l'idée que le gouvernement puisse rester indifférent ou impuissant devant des événements comme les fermetures d'usines ou les prises de contrôle étrangères de 'joyaux' économiques", affirme-t-il.

Quel que soit le mobile du Premier ministre, force est de constater que sa démarche a fini par porter ses fruits. Au sortir d'un conseil d'administration cet après-midi, EADS a indiqué que le groupe étudierait la ré-industrialisation partielle du site de sa filiale de maintenance aéronautique Sogerma à Bordeaux-Mérignac, "visant un noyau d'environ 300 emplois", sans remettre en cause sa fermeture. "Chaque employé de Sogerma à Mérignac se verra proposer au moins une offre de mobilité", a également rappelé le groupe.

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