La croissance française gagne 0,5% au premier trimestre

Tirée par la consommation domestique et les exportations, la croissance française a atteint 0,5% au premier trimestre de l'année. Une déception, attribuable essentiellement aux faibles investissements. L'Insee a également révisé en baisse à 1,2% la croissance française pour 2005.

Nouvelles en demi-teinte en provenance de l'Insee ce matin. Attendue en hausse de 0,6% par les économistes et de 0,7% par la Banque de France, la croissance française a seulement atteint 0,5% au cours du premier trimestre 2006. Autre déception, l'Institut de statistiques a revu en baisse son estimation de croissance pour l'an dernier à 1,2% contre 1,4% annoncé en mars dernier, du fait d'une croissance au quatrième trimestre de 0,3%, inférieure à celle de 0,4% estimée précédemment. L'année 2005 marque donc un ralentissement plus net encore par rapport à l'augmentation de 2,4% du produit intérieur brut (PIB) en 2004.

L'Insee précise que les dépenses de consommation des ménages sur la période ont accéléré à 0,9%, après une progression de 0,4% au trimestre précédent, "contribuant ainsi pour 0,5 point à l'évolution du PIB". C'est la plus forte progression depuis le dernier trimestre 2004. En revanche, les investissements ont décéléré pour le deuxième trimestre consécutif, à 0,2%. Les entreprises ont massivement déstocké et leurs investissements marquent un recul de 0,1%.

"La déception est d'autant plus vive que le second semestre 2005 avait été de ce point de vue très encourageant et que les dernières enquêtes, sans être mirobolantes, témoignaient toujours d'une certaine volonté d'investir de la part des industriels", regrette Nicolas Claquin, économiste chez HSBC. Les entreprises restent prudentes. Elles sont encore endettées, leur taux d'autofinancement est bas, les marges sont contraintes par la hausse des coûts de production, essentiellement attribuable à la flambée du prix des matières premières, et par la difficulté de transmettre ces hausses de coûts sur le prix de vente final. Enfin, le taux d'utilisation des capacités de production, même s'il remonte dernièrement, reste inférieur à sa moyenne de long terme.

Résultat, la demande globale intérieure a stagné au premier trimestre, et affiche une progression de 1,5% sur un an, un apport bien peu satisfaisant pour la croissance. Seule surprise positive, les exportations ont crû de 3%, tirées par le dynamisme de la croissance mondiale, après une progression de 2,2% au quatrième trimestre 2005, alors que les importations gagnaient 1,1% seulement.

Déjà sceptiques auparavant, les économistes doutent encore plus à présent de la vraisemblance des anticipations de croissance de 2 à 2,5% du gouvernement sur l'ensemble de l'année. La croissance "s'installe sur une tendance annuelle" entre 2 et 2,5%, a néanmoins réaffirmé le ministre de l'Economie et des Finances Thierry Breton lors d'une conférence de presse ce matin. "Alors qu'il faudra surveiller attentivement l'évolution des prix du pétrole et du marché de l'emploi, la croissance se jouera dans les prochains mois entre les bonnes nouvelles, comme l'amélioration des stocks que laissent présager les statistiques du mois d'avril, et les mauvaises, avec un risque de recul des exportations si l'euro venait à gagner du terrain face au dollar", indique Luca Silipo, économiste chez Ixis. "Il y a une appréciation de 6,5% à 7% dans les trois dernières semaines" de la devise européenne face au dollar, "il ne faudrait pas que cela aille trop haut", a également prévenu Thierry Breton ce matin.


Thierry Breton promet de réduire la dette de deux points de PIB en 2006
Lors d'une conférence de presse ce matin à Bercy, Thierry Breton, le ministre de l'Economie et des Finances, a promis de faire baisser "d'au moins deux points" de PIB la dette de la France en 2006. Elle devrait donc être ramenée à 64,6% du PIB contre 66,6% actuellement. Par ailleurs, le taux de chômage en France passera "sous la barre des 9%" avant la fin de l'année 2006, grâce aux créations d'emplois, a-t-il annoncé. Enfin, Thierry Breton, a déclaré qu'il ne "voyait pas d'effet de second tour dans les chiffres de l'inflation" en France malgré la hausse des prix du pétrole. De fait, en retirant les éléments volatils (énergie et alimentation), l'inflation reste relativement contenue dans la zone euro, à 1,5% au mois d'avril en glissement annuel.

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