Le jeu de dupes de MM. Bush et Chavez

Semaine après semaine, la tension monte entre Washington et Caracas. Mais les deux capitales peuvent-elles se permettre de rompre leurs relations économiques?

Pas une semaine, pas un jour, semble-t-il, sans que la tension monte entre Washington et Caracas. Dernière initiative du département d'Etat américain: interdire la vente d'armes et de matériel militaire de fabrication américaine au Venezuela, en raison "de son manque de coopération dans la guerre contre le terrorisme". La réponse du leader bolivarien, auquel le gouvernement américain reproche notamment de vouloir déstabiliser la Colombie, ne s'est pas faite attendre. Dès le lendemain, Hugo Chavez a accusé les Etats-Unis de "préparer les conditions" d'une attaque militaire contre son pays...

Depuis son élection en 1999, l'ex-putschiste devenu président entretient des relations à couteau tiré avec le gouvernement américain. Force est de reconnaître que depuis le référendum révocatoire qui l'a confirmé dans ses fonctions voilà bientôt trois ans, Chavez est plus que jamais dans le collimateur de la Maison-Blanche. Jamais, en effet, Washington n'a digéré la victoire politique de l'ami et admirateur de Fidel Castro - pourtant validée par le Centre Carter - et le Venezuela est depuis relégué au ban des nations par la diplomatie américaine, (avec Cuba et l'Iran), place où le confinent sans sourciller les grands médias américains.

A qui profite la tension entre les deux pays? Pour l'heure, à Chavez, adulé en son pays pour savoir tenir tête à Washington. Les provocations répétées du président vénézuélien, qui à plusieurs reprises a menacé de ne plus distribuer une goutte de pétrole aux Etats-Unis, ont contribué à faire grimper les prix de l'or noir... et les recettes fiscales de Caracas.

Bush peut-il se passer de Chavez? Difficilement, le Venezuela reste le quatrième fournisseur de pétrole des Etats-Unis, et même si le président américain rêve depuis peu de réduire la "dépendance" de ses concitoyens à l'essence, beaucoup d'eau aura coulé sous les ponts avant que leur consommation ne régresse réellement, ou que la première économie mondiale ne se soit dotée de sources d'énergies alternatives viables.

Chavez peut-il se passer des Etats-Unis? Dans l'immédiat, certainement pas. Le président vénézuélien parcourt le monde en quête de nouveaux débouchés pour la compagnie pétrolière publique PDVSA. Mais fournir des contrées lointaines comme la Chine rendra le pétrole de son pays plus onéreux, et donc plus difficile à commercialiser.

Pour l'heure, Hugo Chavez ne semble pas avoir l'intention de couper les ponts avec les compagnies américaines. Son ministre de l'Energie Rafael Ramirez vient d'indiquer que la hausse des impôts et taxes acquittés par les multinationales étrangères opérant dans la Ceinture de l'Orénoque se traduiront par des recettes fiscales additionnelles de deux milliards de dollars par an.

De plus, même si Chavez a évoqué par le passé la cession de Citgo, filiale de PDVSA, rien n'indique qu'il soit réellement prêt à se séparer d'une entreprise qui distribue 13,6 milliards de gallons d'essence par an aux Etats-Unis à travers un réseau de près de 14.000 stations service. En tout cas, pas aux cours actuels du pétrole!

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