Israël suspendu au sort d'Ariel Sharon

Le Premier ministre israélien lutte contre la mort après une grave attaque cérébrale. Sa disparition de la vie politique plongerait Israël et le processus de paix au Proche-Orient dans une incertitude maximale.

Israël retient son souffle: alors que le Premier ministre Ariel Sharon est aujourd'hui entre la vie et la mort, ses pouvoirs ont été transférés au vice-Premier ministre Ehud Olmert. Si Ariel Sharon devait ne pas se remettre de son accident cérébral, c'est toute la situation politique d'Israël et par conséquent toute la situation du Proche-Orient qui se trouveraient bouleversées.

Le Premier ministre israélien est aujourd'hui à l'hôpital Hadassah Ein Kérem de Jérusalem, où il a été transporté d'urgence mercredi soir, après une hémorragie cérébrale. Ariel Sharon, qui a 77 ans, a subi pendant la nuit plus de sept heures d'interventions et a été plongé dans la journée de jeudi dans un coma profond pour au moins 24 heures. Son état est jugé "grave mais stable", selon un porte-parole de l'hôpital. Il avait déjà subi une attaque cérébrale voici trois semaines.

Dans l'immédiat, ses pouvoirs de chef du gouvernement ont été transférés à son vice-Premier ministre, Ehud Olmert. Celui-ci a pris officiellement ses fonctions ce matin, tandis que le gouvernement israélien se réunissait en urgence. Selon la loi israélienne, le vice-Premier ministre est habilité à assurer l'intérim du chef du gouvernement pendant une période maximale de cent jours, à la suite de quoi le gouvernement est dissous, et un député est chargé par le président de l'Etat de constituer un nouveau gouvernement.

Sans préjuger de l'évolution de la santé d'Ariel Sharon, il apparaît d'ores et déjà fort peu probable qu'il puisse reprendre ses fonctions dans un avenir prévisible. Ce qui risque de plonger le pays dans une incertitude politique totale.

Des élections législatives sont programmées le 28 mars prochain. Or, la préparation de ce scrutin était jusqu'ici dominée par le coup d'éclat orchestré par Ariel Sharon: sa démission du Likoud, suivie de la création d'un tout nouveau parti centriste, Kadima. Un parti qui connaissait un démarrage en flèche: Ariel Sharon a entraîné avec lui de nombreux membres du Likoud et a su se rallier des personnalités de la gauche israélienne comme Shimon Péres. Avec comme résultat une victoire aux élections annoncée par de nombreux sondages.

La disparition d'Ariel Sharon de la vie politique changerait la situation du tout au tout. Kadima est en effet un parti construit entièrement autour de sa personne, et nul ne saurait prédire, en l'état actuel des choses, ce qu'il adviendra en l'absence de son fondateur.

Autant dire que l'incertitude est donc maximale aujourd'hui quant à l'évolution politique du pays. La presse israélienne exprime ce matin son inquiétude. Le Jérusalem Post affirme que "la loi n'est pas claire sur ce qui devrait se passer si Sharon venait à disparaître, car le gouvernement est déjà un gouvernement de transition qui n'est pas responsable devant la Knesset". Le journal populaire Yédiot Aharonot écrit pour sa part que "tout le pays se retrouve sans réponse, partagé entre la stupeur et la crainte (...) Le peuple tout entier prie (...) Qu'ils soient de gauche ou de droite, religieux ou laïcs, les Israéliens savent qu'il y a des moments où il n'y a rien d'autre à faire que prier"...

Et la préoccupation dépasse largement les frontières du pays. Chez les Palestiniens, le négociateur en chef Saëb Erakat a affirmé ce matin à l'AFP craindre que la disparition de M. Sharon ne donne lieu "à une escalade de la violence contre le peuple palestinien". Selon lui, "le peuple palestinien risque de faire les frais de la lutte pour le pouvoir en Israël avec une intensification de la colonisation et des assassinats".

A Washington, on suit la situation de très près. George W. Bush a affirmé cette nuit partager "l'inquiétude des Israéliens" après l'hospitalisation de M. Sharon, "homme de courage et de paix".

Sans surprise, les marchés financiers israéliens accusent le coup. En fin de journée, l'indice Tel Aviv-25 de la Bourse de Tel Aviv cédait 3,9%. La monnaie israélienne, de son côté, a perdu 1,7% face au dollar.

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