Ségolène "braque" les banques

L'élue socialiste accuse les banques de "faire du profit sur le dos des pauvres". Les banques répliquent en parlant créations d'emplois et lien social.

Pour s'assurer un succès d'audience, rien de tel que les bonnes vieilles recettes. L'une d'elles consiste à s'en prendre aux banques et à leurs bénéfices. Candidate à l'investiture du Parti socialiste pour la prochaine élection présidentielle, Ségolène Royal a ainsi été chaleureusement applaudie lorsqu'elle a dénoncé, la semaine dernière à Clermont-Ferrand, des banques qui, selon elle, "font du profit sur le dos des pauvres".

La présidente de la région Poitou Charente avait en ligne de mire les tarifs bancaires qui sont "un vrai scandale" et "plongent les familles dans le surendettement". Une charge dont le moins que l'on puisse dire est qu'elle ne fait pas dans la demi-mesure. Certes, les services bancaires sont parfois onéreux, mais des efforts ont été faits dans ce domaine et le coût moyen de l'offre bancaire française, rapporté à la qualité du service, n'a rien de scandaleux.

Bien sûr, certaines situations sont plus délicates. Il est toujours désagréable de payer des agios dont les taux ne font pas de cadeaux, ou encore des frais pour chèque sans provision qui ont une fâcheuse tendance à se cumuler. Mais de façon générale, il ne faut pas perdre de vue que ce n'est pas les frais bancaires qui conduisent les ménages au surendettement. C'est plutôt ce que l'on appelle pudiquement les "accidents de la vie" (maladie, divorce, chômage...) qui les fragilisent financièrement et ne leur permettent plus de faire face à leurs besoins.

Face à cette charge de Ségolène, les banques françaises, par la voix de la Fédération bancaire française, ont eu beau jeu de rappeler que cette industrie recrute aujourd'hui massivement (30 à 40.000 embauches chaque année) et que 80% des Français, selon une étude récente, se disent satisfaits des services que leur apporte leur banque. On ne sait pas combien parmi eux sont des sympathisants socialistes...

Le secteur bancaire français est aujourd'hui solide et dégage des profits substantiels. Personne ne saurait le regretter car c'est un atout pour l'économie française. Mais cette prospérité créée aussi des obligations et l'argument selon lequel la banque "crée du lien social" grâce à un taux de bancarisation de 99% en France est un peu court.

Pour être convaincant, il doit passer par des initiatives concrètes, des engagements et des réalisations tangibles. Pour tout dire, des preuves. Ce qui reste la meilleure façon de convaincre Ségolène Royal. Du moins si l'on en croit son discours.

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