Une nouvelle fusion est en vue dans les télécoms. Alcatel et Lucent viennent en effet d'annoncer être "en négociations sur une éventuelle fusion entre égaux". Les deux groupes précisent toutefois dans un communiqué de presse ne pouvoir "assurer qu'un accord sera trouvé ou qu'une transaction sera réalisée". Ils confirment ainsi des informations parues dans la presse américaine, ce matin.

Ce nouvel ensemble totaliserait près de 33 milliards de dollars (27,57 milliards d'euros) de capitalisation boursière dont près de 20 milliards de dollars pour Alcatel. Le Wall Street Journal et le New York Times dans leur édition de ce matin estiment que l'équipementier français pourrait débourser 13 milliards de dollars pour racheter Lucent Technologies. Les deux groupes ont seulement précisé que l'opération se ferait "au prix du marché". "Nous ne ferons aucun autre commentaire avant qu'un accord ne soit trouvé, ou que les discussions ne soient interrompues", ont-ils précisé.

"Si l'accord se réalisait, nous pensons que la nouvelle entité serait le premier acteur dans les communications fixes et optiques. Plus encore, leurs divisions mobiles pourraient atteindre une taille critique", estime dans une note WestLB. Toutefois, selon un analyste interrogé par Reuters, "il n'y a aucune chance que ce soit une fusion entre égaux. Alcatel est encore plus fort qu'il y a cinq ans et bénéficie d'une dynamique bien plus forte que Lucent".

Alcatel, qui ne se cache pas d'être désireux de s'étendre sur le marché américain, avait déjà tenté en 2001 de racheter son concurrent. Cette tentative s'était soldée par un échec. "Ce mouvement est indispensable car on a vu un tel mouvement de consolidation chez les opérateurs que les équipementiers ne peuvent pas rester dans la situation actuelle", précise Rémi Thomas, analyste chez CA Chevreux. Il estime qu'un tel rapprochement serait très favorable pour Alcatel, bien plus qu'avec Thales. "D'un point de vue financier, nous pensons que l'opération serait relutive dès 2007 car il y a des synergies importantes", a-t-il ajouté. Un point de vue qui ne semble pas être partagé par tout le monde. Richard Windsor, analyste chez Nomura Securities estime pour sa part que "c'est une mauvaise nouvelle pour Alcatel car Lucent a beaucoup de passif. Ajoutant être loin d'être convaincu qu'Alcatel ait besoin de Lucent pour ses ambitions à long terme".

En 2001, Lucent était numéro 1 mondial des équipements en télécommunications avant de s'enfoncer dans le sillage de l'explosion de la bulle Internet. Pour l'exercice 2004-2005, l'Américain affiche un chiffre d'affaires en progression de 4,4% à 9,44 milliards de dollars et un bénéfice net en recul de 40,7% à 1,19 milliard de dollars. Alcatel pèse de son côté 13 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel.

En Bourse, Alcatel gagne 1,56% à 13,05 euros à la clôture.



Regain de spéculation sur Thales
Vendredi, dans la matinée, l'action de Thales a bondi de 4,66% à 37,70 euros, après l'annonce de projet de fusion entre Alcatel et Lucent. Cette annonce a relancé les spéculations sur la recomposition du tour de table du groupe d'électronique de défense. Le marché tablait jusqu'ici sur un rapprochement entre Alcatel et Thales. Il lui apparaît maintenant peu probable qu'Alcatel, actionnaire à hauteur de 9,5% de Thales, monte à 25 ou 30% du capital de ce dernier, comme l'évoquait la presse depuis plusieurs mois. De même pour le rachat par Alcatel des 5,7% de Dassault en échange d'un apport des actifs de Thales dans les satellites et la sécurité. Un second scénario semble se dégager: une offre d'achat en bonne et du forme de la part d'EADS. Selon un analyste interrogé par l'AFP, "il semble désormais envisageable qu'Alcatel cède ses actifs de défense à Thales, et un rapprochement EADS-Thales serait favorisé". La direction d'EADS ayant réaffirmé au début du mois être intéressé par Thales et qu'un rapprochement aurait du sens même si aucune discussion n'était actuellement en cours.