Bouygues achète la part de l'Etat dans Alstom

Le conglomérat industriel vient d'annoncer le rachat de la part de 21% détenue par l'Etat dans Alstom, afin d'accompagner un protocole de coopération entre les deux groupes. Les titres seront acquis au prix de 68,21 euros par action, soit 2 milliards d'euros. Bouygues et Alstom projettent de créer une société commune dans les centrales hydroélectriques.

Bouygues se lance dans l'énergie. Le conglomérat industriel, qui est présent dans la construction, l'immobilier, la télévision et la téléphonie mobile, vient d'annoncer l'achat de 21% d'Alstom auprès de l'Etat, au prix de 68,21 euros par action. Cette acquisition de 2 milliards d'euros accompagne la signature d'un protocole de coopération opérationnelle et commerciale, "un partenariat pour répondre aux défis des marchés mondiaux des transports et de l'énergie", explique Bouygues dans un communiqué.

"La complexité croissante des grands projets de construction d'infrastructures conduit certains clients à exiger des contrats 'clés en main', du financement à l'exploitation, en passant par la conception, la construction et la gestion du risque", explique le groupe. "Dans ce contexte, Alstom et Bouygues doivent relever des défis communs: détection des besoins et accompagnement des clients dès l'amont des projets, maîtrise des coûts commerciaux, pression sur les délais et les garanties de performances, gestion contractuelle plus complexe", ajoute Bouygues.

"Sur le plan commercial, (l'accord ira) de l'analyse commune de certains marchés à la conception au cas par cas d'offres intégrées. Sur le plan opérationnel, les deux groupes partageront leur expérience et leurs pratiques quant à la négociation des contrats, la gestion des projets et de leurs risques, ou la mise en place de solutions de financement", détaille Bouygues. Ce protocole de coopération n'instaure cependant aucune exclusivité réciproque. Les deux groupes continueront de travailler avec les meilleurs partenaires pour chaque projet, dans l'intérêt de leurs clients.

Cette coopération, qui permet à Bouygues de faire son entrée sur le secteur de l'énergie, et notamment de l'énergie nucléaire (Alstom est fournisseurs d'équipement pour les centrales) s'accompagne donc d'une prise de participation du groupe dans Alstom, à condition qu'Alstom cède l'activité Marine, prévue dans les prochaines semaines, et que la Commission européenne autorise cette prise de participation. En outre, Bouygues s'est engagé à conserver sa part au moins trois ans.

Les actions seront acquises au prix de 68,21 euros par action, ce qui représente pour Bouygues un investissement de 2 milliards d'euros. La trésorerie disponible du groupe permet de faire face à cet investissement. Le financement à long terme sera assuré sans augmentation de capital. "Bouygues n'envisageant pas de dépasser le seuil du tiers du capital ou des droits de vote, ne déposera pas d'offre publique sur le solde du capital", a précisé le groupe, qui ajoute que l'opération sera positive pour son bénéfice net par action dès 2006. Bouygues devrait par ailleurs faire son entrée au conseil d'administration d'Alstom: deux sièges lui seront proposés. De son côté, l'Etat réalise une plus value de 1,26 milliard d'euros sur la vente de sa part.

Enfin, cette coopération s'accompagne d'un projet de création d'une société commune sur le marché des centrales hydroélectriques. Alstom apporterait la totalité de son activité hydroélectrique à la société dans laquelle Bouygues prendrait une participation de 50%. "Cette création permettrait aux deux groupes d'unir leurs forces pour participer au fort développement de ce marché mondial et à Alstom de respecter son engagement vis-à-vis de la Commission européenne". Bouygues investira entre 100 et 200 millions d'euros dans cette société.

Alstom, qui avait été sauvé de justesse de la faillite par la biais d'une aide de l'Etat en mai 2004 (voir ci-contre), s'était en effet engagé à procéder à des cessions d'activités, ainsi qu'à des partenariats, dans un délai de quatre ans. Pour sa part, Bouygues avait clairement affiché sa volonté d'entrer dans le secteur des équipements nucléaire et d'énergie. Toutefois, Bouygues avait davantage évoqué Areva... "Ce dossier n'est pas encore disponible aujourd'hui. Mais ce n'est que partie remise", explique André Chassagnol, analyste chez HPC, à latribune.fr.

"En tout cas, tant Alstom que Bouygues font une très bonne affaire", ajoute le spécialiste, qui considère que le prix d'acquisition fait par Bouygues n'est pas trop élevé. "L'impact de cette opération devrait être positif sur le bénéfice net par action de Bouygues de l'ordre de 6 à 10% dès la première année", ajoute-t-il.

En Bourse, l'annonce est très bien accueillie. A la clôture, Alstom gagne 5,30% à 73,50 euros. Bouygues progresse de son côté de 2,21% à 43,90 euros.

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