EMI et Warner Music renoncent à leur fusion "pour le moment"

Le Britannique EMI, numéro trois mondial de l'industrie du disque, a annoncé qu'il ne cherchait plus à acquérir "pour le moment" l'Américain Warner Music, le numéro quatre mondial du secteur. De même, Warner Music déclare ne pas vouloir faire d'offre sur EMI "en ce moment". Ces décisions interviennent deux semaines après l'annulation par la Cour européenne de justice du feu vert donné par Bruxelles au projet de fusion entre deux autres grands majors du disque Sony et BMG.

EMI et Warner Music décident de prendre du temps et du recul. Dans la matinée, le Britannique a indiqué dans un communiqué qu'il avait décidé de ne plus poursuivre la recherche d'un accord avec Warner Music en vue d'une fusion "pour le moment". Il précise toutefois "que son conseil d'administration étudiera de nouveau sa position, à la lumière des futurs développements". Même son de cloche chez Warner Music, qui déclare dans un communiqué cet après-midi, qu'il ne compte pas faire d'offre d'achat sur EMI "en ce moment".

Chacune des sociétés a en effet lancé deux offres sur l'autre groupe. EMI avait ainsi proposé un rapprochement avec Warner Music pour 28,5 dollars par action. Offre qui avait été rejetée par Warner. Tout comme la seconde offre, à 31 dollars par action. De son côté, Warner avait lancé fin juin une contre-offre sur EMI, à 320 pence par action, après une première proposition à 315 pence. EMI avait lui aussi rejeté les deux offres (voir ci-contre).

Ces décisions de la part d'EMI et de Warner Music, sont liées à la décision prise le 13 juillet dernier par la Cour européenne de justice d'annuler l'autorisation donnée par la Commission européenne en 2004 à la fusion entre deux autres majors de disque Sony et BMG. Ce verdict a marqué les esprits, car selon le communiqué de Warner Music "il fait peser des incertitudes sur un rapprochement avec EMI".

La Cour de justice européenne a en effet estimé que les autorités de la concurrence de la Commission avaient été trop tolérantes, et qu'avec ce rapprochement la concurrence allait être réduite au détriment des maisons de disques indépendantes. Car avec cette alliance, le nombre de grandes maisons de disques mondiales a été ramené de cinq à quatre. Une réduction des acteurs qui a été critiquée par les indépendants rassemblés au sein du Syndicat européen des labels indépendants, Impala. Ce sont eux, qui avaient saisi la Cour européenne de Justice, qui leur a donné raison.

Sachant que la Commission européenne doit à nouveau revoir sa copie sur l'alliance Sony-BMG, EMI et Warner Music préfèrent donc attendre son nouveau jugement pour adapter leurs stratégies. Mais aussi pour éviter que leur projet de rapprochement ne soit mis à mal, quand il sera présenté aux autorités de la concurrence.

Les autorités de la concurrence ont aussi retenu la leçon. Après l'annulation qui a été prononcée par la Cour européenne de Justice, elles ont en effet indiqué qu'elles examineraient de très près, toute nouvelle opération de concentration dans le secteur. En clair, elles risquent d'êtres plus exigeantes à l'avenir. Elles pourraient même réclamer des cessions d'actifs pour que l'ensemble EMI-Warner Music laisse de la place aux indépendants.

Ces annonces interviennent dans un contexte de concentration du secteur de l'industrie musicale. En effet, dans le domaine de l'édition, BMG Publishing attise les convoitises. Vivendi, notamment, s'intéresse à la société regroupant les catalogues de droits de BMG. Le groupe aurait offert 1,58 milliard d'euros pour s'offrir la société mise en vente par Bertelsmann (voir ci-contre).

En réaction à cette annonce, le titre Warner Music perdait en fin d'après-midi, 3,85% à 24,24 dollars à la Bourse de New York, EMI reculait lui, en clôture, de 1,30% à euros à 261 pence à la Bourse de Londres.

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