Déferlement de manifestants anti-CPE dans toute la France

La CGT affirme que les manifestations ont rassemblé aujourd'hui deux fois plus de participants que le samedi 18 mars, soit 3 millions de personnes. Les transports en commun et les écoles ont été perturbés par les grèves, qui ont affecté tant le secteur public que le privé. Le dialogue reste au point mort entre syndicats et gouvernement.

La mobilisation contre le Contrat première embauche a obtenu le succès escompté par les syndicats. Selon la CGT, les quelque 135 défilés prévus dans toute la France ont rassemblé aujourd'hui près du double de manifestants que ceux du samedi 18 mars - qui avaient réuni entre 500.000 et 1,5 million de personnes -, une estimation confirmée par les décomptes effectués par l'AFP. Ainsi, le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a affirmé cet après-midi qu'il "y avait trois millions" de manifestants mardi en France, "un chiffre historique". De son côté, la police a pour le moment dénombré 878.000 manifestants, mais sans compter l'imposant cortège de Paris.

De plus, pour la première fois depuis le début du conflit, ces démonstrations de force étaient accompagnées par un vaste appel à la grève, lancé sur tout le territoire. Les cheminots ont été les premiers à entrer dans l'action, dès hier soir, à 20 heures, à l'appel de sept syndicats dont le préavis court jusqu'à mercredi matin, à 8 heures. La SNCF faisait état de deux TGV sur trois, 40% de trains Corail et 51% de rames de banlieue en circulation. De son côté, le trafic régional (TER) était très perturbé avec un train sur trois, comme à Marseille, et à 60% dans le Nord-Pas-de-Calais. Les liaisons ferroviaires internationales étaient assurées normalement sauf vers Genève où seulement 4 TGV sur 7 étaient en circulation.

En région parisienne, la RATP a annoncé que 62% du trafic du métro était assuré, alors que les lignes de métro les plus touchées étaient la 2, et la 11, avec seulement un tiers de trafic assuré. Du côté du RER, la circulation des trains était perturbée, avec 65% du trafic assuré sur la ligne A et 1 train sur 2 sur la ligne B. Enfin, 70% des bus circulaient dans la région parisienne.

135 manifestations

Dans le reste de la France, les transports urbains ont connu également des perturbations du fait des appels à la grève dans 76 villes. L'Union des transports publics (UTP, patronat) a fait part de "perturbations modérées" dans l'ensemble des villes, avec "70% des réseaux fonctionnant à plus de 70%". Les transports aériens n'étaient pas en reste. Environ un tiers des vols de la journée ont été annulés, dont une partie préventivement, selon la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).

Outre les transports, les écoles ont aussi été très touchées par les mouvements de grève. Si l'accueil des élèves était en principe assuré, de très nombreuses classes n'ont pu être tenues. De plus, pour la première fois depuis le début du mouvement anti-CPE, le secteur public dans son ensemble a été touché (fonction publique, ANPE, Poste, EDF et Gaz de France) mais aussi le privé (télécoms, banque, métallurgie, tabac). La plupart des quotidiens nationaux étaient absents des kiosques.

Enfin, cette journée a été marquée par quelque 135 manifestations dans toute la France. A Paris, le défilé, qui a démarré à 14h30 place d'Italie pour rejoindre République, était entouré d'un dispositif de sécurité renforcé, avec la mobilisation de 4.000 policiers et gendarmes. Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a demandé aux gendarmes et policiers mobilisés sur la manifestation anti-CPE à Paris d'"interpeller le plus de casseurs possibles". Une centaine de casseurs ont tenté de pénétrer dans un supermarché boulevard de l'Hôpital (XIIIe arrondissement) et brisé les vitres d'un café adjacent, dès le départ du cortège. Plus tard dans l'après-midi, place de la République à l'arrivée de la manifestation, des incidents violents ont de nouveau opposé un groupe d'une centaine de casseurs à des membres des services d'ordre syndicaux (voir ci-contre notre reportage).

Dialogue au point mort

L'objectif de cette vaste journée d'action était une nouvelle fois de demander le retrait du CPE. Mais pour l'heure, le dialogue entre gouvernement et syndicats est au point mort. Et pour cause: les syndicats font du retrait du dispositif le préalable à toute discussion. Ils ont d'ailleurs rejeté l'invitation de Dominique de Villepin, fixée à mercredi, visant à discuter des "aménagements" du CPE. Les cinq confédérations avaient déjà rencontré vendredi 24 mars le Premier ministre pour lui faire part de leur rejet du CPE. Dans une lettre adressée aujourd'hui à Dominique de Villepin, le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a estimé que son invitation aux syndicats de discuter d'aménagements du CPE répondait davantage à des "besoins de communication qu'à une volonté de sortir de la crise".

De son côté, Dominique de Villepin reste campé sur ses positions, affirmant aujourd'hui encore aux députés UMP qu'il n'est pas question de "retirer le CPE", tout en se disant "ouvert" à des modifications pour peu qu'elles ne soient "pas d'ordre législatif". De son côté, Nicolas Sarkozy continue de se démarquer. Le ministre de l'Intérieur a ainsi proposé lors de la réunion du groupe UMP à l'Assemblée nationale, une "non application du CPE durant les négociations avec les partenaires sociaux pour rechercher un compromis". Le président du groupe PS à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, a demandé au ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy de démissionner, s'il était en désaccord avec le gouvernement sur le Contrat première embauche.

L'intersyndicale des syndicats de salariés, étudiants et lycéens opposés au CPE se réunira mercredi à 14H00 à Paris. Par ailleurs, la décision que doit rendre jeudi le Conseil constitutionnel sur le Contrat première embauche marquera, quel que soit l'avis des sages, une étape-clé pour l'évolution de la crise.

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