Téléphonie mobile : la ruée vers les services

Face au ralentissement de la croissance du marché mobile en Europe, les opérateurs placent leurs espoirs dans l'avènement du haut-débit sans fil et la valorisation de contenus pour dégager de nouveaux revenus.

Comment rebondir? C'est la question sur laquelle se penchent les opérateurs de téléphonie mobile qui, après avoir connu des sommets de croissance, plafonnent désormais dans un marché européen arrivé à maturité. "Dans les principaux pays de l'Union européenne, cette croissance sera même inférieure à 3% en 2006", estime Yves Gassot, le directeur général de l'Idate, intervenant dans le cadre de la conférence internationale DigiWorld Summit qui se tient à Montpellier. On est donc bien loin des progressions à deux chiffres d'autrefois.

Mais la menace la plus sérieuse réside probablement dans la contraction de l'arpu, le revenu moyen généré par chaque abonné, observée dans une grande partie des marchés de l'Europe de l'Ouest. Une tendance qui se traduit par une pression accrue sur les revenus et les marges, dans un contexte où les exigences des régulateurs s'intensifient comme par exemple concernant la tarification des SMS ou à l'échelle européenne, avec le roaming (appels à l'international via des mobiles). Malgré le recrutement d'un million de clients à son service 3G et de l'arrivée de 400.000 nouveaux abonnés à ses services GSM, le chiffre d'affaires de SFR a ainsi baissé de 1,8% au troisième trimestre 2006 par rapport à l'année dernière.

Du coup, lorsque se trouve posée la question du maintien d'un niveau de rentabilité élevé dans un marché qui se rétrécit, une réponse se lit sur toutes les lèvres : multiplication des services et convergence. "Le téléphone mobile est devenu le principal terminal utilisé pour communiquer, nos clients l'ont sous la main en permanence et l'emportent partout", souligne Frank Esser, le patron de SFR. Un atout indiscutable qui, selon lui, est "source de valeur pour de nombreux services". Ce principe de "couteau suisse", c'est à dire où le mobile sert à tout faire ou presque, sera d'ailleurs mis en pratique pas plus tard que la semaine prochaine, avec le lancement par l'opérateur d'un téléphone permettant de mesurer la tension artérielle de son propriétaire (voir nos interviews sur le site consacrés au développement des opérateurs de téléphonie, France Télécom Orange et SFR, dans la santé).

Les consommateurs sont en effet prêts à payer pour les services de santé alors qu'ils rechignent à sortir leur portefeuille pour de simples télécommunications. Mais ce n'est pas tout. Bouygues Télécom expérimente avec la RATP une carte mensuelle de transport intégrée dans le mobile. Le japonais NTT DoCoMo a, lui, acheté la filiale monétique de la banque Sumitomo pour quelque 900 millions de dollars et se lance dans les services financiers. Enfin, sûr que l'Internet mobile sera un succès, le britannique Vodafone a annoncé hier avoir passé un accord avec Yahoo ! L'américain servira de régie publicitaire du portail mobile Vodafone et sera chargé de vendre des bandeaux publicitaires comme il le fait aujourd'hui pour son propre compte sur le web.

Pour la plupart d'entre eux, les terminaux mobiles disposent aujourd'hui de capacités permettant de proposer des services beaucoup plus attractifs. L'intégration d'un système de messagerie avait constitué un premier pas significatif, viennent désormais s'y ajouter le téléchargement de musique numérique, la télévision mobile et bientôt la navigation par satellite. Reste à convaincre les consommateurs.

"Tous les acteurs cherchent à exploiter le pouvoir du terminal", remarque Nigel Clifford, le PDG de Symbian, co-entreprise créée par les principaux constructeurs de téléphones portables éditrice de systèmes d'exploitation. "Avec l'arrivée du haut-débit mobile, les effets en terme de modèle économique, d'usage et de technologie vont être considérables", reconnaît pour sa part Nicolas Demassieux, directeur de la recherche pour Motorola en Europe. Toutefois, il pose à cela certaines limites. Selon lui, "pour pouvoir atteindre un usage massif de tous ces nouveaux services", le niveau de performance atteint par les technologies actuelles "n'est pas suffisamment compétitifs en terme de prix et de débit". Sa solution : "diviser les prix par dix pour l'utilisateur, simplifier des systèmes trop complexes et attendre encore quelques années avant de disposer d'une technologie qui puisse rivaliser avec le fixe".

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.