Google paye 1,65 milliard de dollars pour le site de vidéo YouTube

C'est le retour des méga-acquisitions sur Internet: le moteur de recherche Google a annoncé la nuit dernière le rachat de YouTube, le site qui permet aux internautes de mettre en ligne leurs vidéos. Une acquisition qui coûtera 1,65 milliard de dollars (1,3 milliard d'euros) à Google, pour une société existant depuis 18 mois, employant 60 personnes et réalisant un chiffre d'affaires confidentiel...Attendue depuis quelques jours, l'opération constitue la plus grosse acquisition jamais réalisée dans l'univers du "Web 2.0", appellation qui recouvre les sites qui reposent sur la participation active des internautes. Le prix payé confirme d'ailleurs que ce modèle de Web participatif apparaît désormais comme le nouvel Eldorado d'Internet.L'acquisition sera réalisée entièrement en titres Google. Ce qui ne devrait pas être une mauvaise affaire pour les vendeurs: en dépit du prix payé par Google, l'action de ce dernier a nettement progressé hier, alors que la perspective d'un accord avec YouTube se faisait plus précise. Durant la séance de lundi, avant l'annonce de l'opération, l'action Google a gagné 2% sur le Nasdaq, à 429 dollars. Et ce mardi, l'action gagne encore 0,30% à 430,30 dollars en fin de matinée... Si l'on tient compte des 2% gagnés par l'action vendredi dernier, jour où les rumeurs d'achat de YouTube ont commencé, la capitalisation de Google a gagné en deux séances quelque 6 milliards de dollars, selon les calculs de Reuters, soit plus de trois fois le prix payé pour le site de vidéo...Comment expliquer que Google accepte de payer un tel prix - et que le marché s'en réjouisse autant, sachant que la cible est encore microscopique en termes de chiffre d'affaires et ignore totalement la notion de bénéfice? Tout le pari, en fait, réside dans le rapprochement de deux marques phare du Web et de leur potentiel de trafic. Avec à la clé les ressources publicitaires qui devraient en découler.Le site YouTube est incontestablement un phénomène sur le Web. En un an et demi, ce site créé par deux presque gamins âgés aujourd'hui de 29 et 27 ans s'est imposé comme LE lieu du Net sur lequel les internautes peuvent mettre en ligne leurs propres productions vidéo, qu'il s'agisse de souvenirs de vacances, de clips musicaux détournés ou de feuilletons TV mis en ligne en tout illégalité. Avec comme résultat un trafic phénoménal de quelque 100 millions de vidéos consultées chaque jour... YouTube est passé de 2,8 millions de visiteurs en août 2005 à 72 millions un an plus tard.C'est ce colossal pouvoir d'attraction auprès des internautes qui justifie l'intérêt porté à YouTube par tous les grands acteurs du monde Internet et son acquisition finale par Google. Car ce dernier, qui, à partir de son métier de base de moteur de recherche, s'est transformé petit à petit en redoutable machine à capter de la publicité sur le Web, a les moyens de transformer le trafic de YouTube en mine d'or. Dans un modèle économique qui conjugue accès gratuit aux contenus et financement publicitaire, le développement du trafic est en effet la clé pour obtenir une part croissante d'un gâteau publicitaire en plein expansion.Dans cette optique, Google a oeuvré ces dernières années pour multiplier les types de contenus susceptibles de faire venir les internautes sur son site: cela va des images satellite du globe jusqu'au projet de bibliothèque universelle, en passant par toute une gamme d'outils mis à la disposition des internautes.Sur le marché de la vidéo sur Internet, Google était jusqu'ici très en retrait. Son grand rival Yahoo! était en la matière très en avance, et le moteur de recherche ne voulait pas prendre le risque de rester en dehors d'un segment d'activité en développement accéléré.Tout le pari va être désormais de combiner le trafic de YouTube avec les talents publicitaires de Google. Sachant que le nouveau propriétaire du site devra peut-être traiter quelques menus problèmes annexes, comme l'illégalité flagrante d'une bonne partie des contenus mis en ligne sur YouTube, qui proviennent d'émissions de télévision et de clips musicaux reproduits sans l'accord de leurs auteurs et ayant-droits... Ces derniers jours, YouTube - ainsi d'ailleurs que Google - a signé des accords avec des maisons de disque pour régulariser la situation. Mais cela ne sera pas forcément suffisant.
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