Répétition de la Générale

Le rapprochement envisagé par Veolia avec Vinci était-il un retour en arrière ou bien vers le futur ?

L'anagramme n'est pas parfait mais l'équation est apparue à tous les esprits. Veolia + Vinci = Vivendi, ou presque. Le rapprochement envisagé par Veolia, le leader des services à l'environnement, avec Vinci, le numéro un mondial du BTP, a suscité moult interrogations: Henri Proglio, le PDG de Veolia, cherchait-il à reconstituer feu la Générale des Eaux? Un petit retour en arrière s'impose.

En juillet 2000, la Générale des Eaux, rebaptisée Vivendi par Jean-Marie Messier deux ans plus tôt, se sépare de Vivendi Environnement (VE). La même année, les anciennes activités de construction, la SGE, deviennent Vinci et fusionnent avec GTM, pendant que se prépare la fusion Vivendi-Canal+- Seagram qui engendra Vivendi Universal... Six ans plus tard, Veolia, le nouveau nom de VE depuis 2003, propose à Vinci un mariage quasi consanguin pour créer "le leader de l'environnement urbain et de l'aménagement du territoire". Ne manquerait plus que l'immobilier de Nexity, scindé lui aussi de Vivendi, avec lequel Vinci envisageait de se rapprocher...

Cette répétition de la Générale a rencontré le scepticisme généralisé dans la communauté des analystes. D'autant qu'Henri Proglio a osé employer le terme, de sinistre mémoire, de "convergence des métiers", un funeste concept à la popularité mitigée auprès de ceux qui ont assisté aux errements auquel se livra J2M en son nom. Depuis, Vivendi a dû abandonner le nom d'Universal et sa stratégie de convergence est violemment contestée par un de ses actionnaires. Alors que l'ancienne maison-mère a subi une cure d'amaigrissement drastique, son ancienne fille revient siffler l'air du "big is beautiful", jetant au rebut six ans de stratégie d'acteur spécialisé, de "pure player". Les synergies entre les métiers de Vinci et Veolia paraissant minimes, chacun aura compris que le premier cherche à écluser les cash-flows des concessions du second afin de les rénjecter dans ses propres métiers hautement capitalistiques... comme l'eau en son temps finança les médias et les télécoms de Vivendi.

Et s'il fallait regarder ailleurs dans l'univers des médias pour comprendre la logique de l'opération? L'approche de Veolia, qui se disait amicale mais fut immédiatement perçue comme hostile par Vinci, n'est pas sans rappeler l'OPA avortée de Comcast sur le géant Disney au printemps 2004, pour son caractère pleinement et ouvertement opportuniste. Le câblo-opérateur américain avait profité des difficultés rencontrées par Mickey sur tous les fronts - notamment sous la pression d'un de ses actionnaires historiques, Roy Disney - pour lancer une offre peu généreuse et peu coûteuse, uniquement en papier Comcast, dans l'espoir de mettre la main sur quelques superbes actifs de contenu à bas prix.

Veolia n'a pas caché qu'il revenait à la charge brandir ce serpent de mer d'une recréation de la Générale en raison des turbulences traversées par Vinci, après le départ tapageur de son PDG, Antoine Zacharias, et la chute boursière qui s'en suivit... A l'image de Comcast, Veolia doit renoncer à son offre. Tout en martelant qu'à l'avenir, les maires des grandes métropoles comme Shanghai réclameraient une gamme complète de services que Veolia et Vinci réunis pourraient fournir. La Générale bis, un retour vers le futur?

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