La Coupe du Monde la plus retransmise de l'histoire

Le Mondial 2006 est la première expérience à l'échelle planétaire de la convergence d'un même contenu sur de multiples écrans. Pour le plus grand profit du détenteur des droits, la Fifa.

Personne ne l'ignore: ça commence ce vendredi 9 juin à 18h avec Allemagne-Costa Rica, premier match de la Coupe du Monde de football, inaugurant une série de 64 affrontements qui vont tenir le monde en haleine pendant un mois.

Des souvenirs remontent de 1998, la Coupe remportée par la France: un rassemblement en fin d'après-midi avec des collègues devant l'écran du bureau, tremblant aux penalties qui devaient départager la France et l'Italie; les rues de Paris absolument désertes à l'heure d'un match; les invitation échangées pour regarder ensemble la finale...

2006 ressemblera-t-il à 1998? L'engouement mondial pour l'événement, savamment entretenu depuis des mois, n'a sans doute pas faibli. Au contraire.
La disponibilité des images sur tous les écrans en changera-t-elle la perception? Pour la première fois, on pourra suivre un match sur écran géant en qualité haute définition, voir les buts sur son PC via le Web, ou sur son téléphone mobile lors de ses déplacements.

Le Mondial 2006 est la première expérience à l'échelle planétaire de la convergence d'un même contenu sur de multiples écrans. Plus de 500 diffuseurs, TV, radios, Web, opérateurs mobiles, ont acheté des droits. Pour eux, 2.200 heures d'images seront produites - contre 200 en 1998 - en majorité en haute définition. Aussi beau sur grand écran que sur écran de mobile, une fois opéré un zoom sur l'action et un recadrage.

Risque d'overdose ou plaisir comblé de l'amateur de football? Individualisation de l'audience et perte du sentiment collectif face à l'événement ou, au contraire, entraînement de toute une société dans un mois d'aventure autour du ballon rond? Après coup, l'analyse de l'impact de cette diffusion multi-supports sera pleine d'enseignements. Et pas seulement en termes sociologiques.

Le comportement des audiences aura des conséquences économiques directes sur les diffuseurs: si les télévisions rassemblent moins, si leur public se disperse au profit de nouveaux supports, elles réfléchiront à l'avenir au montant des droits payés. Les opérateurs mobiles, pour qui le Mondial est accessible largement pour la première fois dans le monde entier, verront si un modèle économique ressort de ce type d'opération.

A l'heure qu'il est, difficile donc d'établir si diffuseurs et spectateurs tireront bénéfice de cette explosion de la diffusion des images. Ce qui est certain en revanche, c'est qu'elle profite incontestablement à la Fédération internationale de football. En multipliant les types des droits vendus - TV en clair, payante, mobile, Internet -, elle a déjà récolté 30% de recettes en plus par rapport à 2002, soit plus d'un milliard d'euros.

Aux premiers temps de la convergence, on s'interrogeait encore sur qui aurait la primauté, des "tuyaux" ou des "contenus". Avec la Coupe du Monde, la Fifa démontre que "content is king" (le contenu est roi). Pour l'instant en tous cas. Car à trop banaliser des images diffusées tous azimuts, elles risquent de perdre peu à peu leur valeur. Pour un événement de l'importance de la Coupe du monde, le risque est réduit. Mais gare au retour de balancier, en faveur des distributeurs et au détriment des détenteurs de droits.

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