Avalanche d'OPA, de fusions et de rachats dans tous les domaines

Dans la banque, le tourisme, le tabac, en France, en Europe, aux Etats-Unis: c'est partout la folie des acquisitions, des offres et des rumeurs d'offensive, ce lundi.

La folie des fusions-acquisitions a encore pris de l'ampleur ce lundi. Presque tous les secteurs et les zones géographiques sont concernés. La France n'est pas en reste. Comme quoi la règle qui voulait qu'à l'approche d'une élection présidentielle, tout s'arrête dans l'économie, notamment dans le secteur du business, est cette fois totalement battue en brèche. Oublié l'épisode Danone: cette fois, les acheteurs n'ont plus peur d'être instrumentalisés dans les batailles politiciennes. Même EADS, la maison mère franco-allemande (et espagnole) d'Airbus n'a pas hésité à dévoiler son plan d'économies Power 8 qui prévoit dix mille suppressions de postes et des cessions voire des fermetures de sites à quelques semaines de l'élection présidentielle français. Il n'y a plus de tabous.

En matière d'offres de rachat, c'est encore plus vrai. Il faut du culot au britannique Imperial Tobacco pour oser lancer une offre sur le franco-espagnol Altadis, issu de la fusion de l'ex-société publique française, la Seita, et de l'hispanique Tabacalera, dans un tel calendrier politique hexagonal. Mais pour l'heure, presqu'aucune voix ne s'est élevée chez les élus tricolores pour dénoncer une telle opération. Certes, la victoire est très loin d'être assurée pour Imperial Tobacco, les dirigeants et les administrateurs d'Altadis ayant pour l'heure repoussé cette offre à 11,5 milliards d'euros. Mais ce n'est peut-être qu'une question de prix.

Les responsables politiques, locaux notamment, pourront en revanche souffler à l'annonce du rachat de la Saur, troisième spécialiste en France de la ditribution et du traitement de l'eau - derrière la Lyonnaise des Eaux du groupe Suez et Veolia Environnement - reprise pour 1,72 milliard d'euros par la Caisse des dépôts et consignations (CDC) , le groupe Séché Environnement (dont la CDC détient désormais 14,07% du capital) et Axa Infrastructure Investissement. Plusieurs fonds et investisseurs comme l'australien Macquarie étaient aussi sur les rangs, ce qui inquiétait beaucoup les élus et l'Association des maires de France.

En plus des opérations avérées, les rumeurs font également feu de tout bois à Paris. Par exemple celle, évoquée dans l'hebdomadaire d'informations confidentielles La Lettre de l'Expansion, sur une éventuelle alliance en vue de racheter Vinci entre François Pinault via sa holding Artemis et le groupe sidérurgique Mittal du milliardaire éponyme d'origine indienne qui avait récemment racheté Arcelor avec le soutien du premier.

Ou encore les rumeurs sur les banques qui voient monter les titres des établissements apparaissant comme les moins difficiles à racheter telles la banque franco-belge des collectivités locales Dexia ou la Société Générale, sur fond d'interrogation sur un éventuel mariage à 115 milliards d'euros entre la néerlandaise ABN Amro et la britannique Barclays.

Dans l'assurance et la réassurance aussi, les opérations sont en cours avec la volonté du français Scor de s'offrir le suisse Converium (après avoir racheté l'allemand Revios) qui cherche à trouver un chevalier blanc. Scor réunira ses actionnaires le 26 avril pour se prononcer sur le projet.

A l'étranger également, opérations concrètes mais aussi rumeurs se juxtaposent en un foisonnement spectaculaire. Ainsi, touchant directement les Français, le norvégien Aker a annoncé qu'il avait vendu à des investisseurs pour 356 millions d'euros ses 40,1% dans les chantiers navals Aker Yards qui détiennent les Chantiers de l'Atlantique, sis à Saint-Nazaire, qui avaient été rachetés il y a quelques mois à Alstom.

Outre-Manche, la Bourse de Londres spécule non seulement sur une opération Barclays-ABN Amro (la banque britannique a prévu de s'exprimer ce mardi) mais aussi sur un relèvement de l'offre (à 14,3 milliards d'euros actuellement) du fonds géant KKR sur le distributeur et grossiste en pharmacie Alliance Boots.

Dans le tourisme, l'allemand TUI (maison mère du français Nouvelles Frontières) a confirmé ce lundi les informations révélées dimanche sur latribune.fr: il va bien se marier avec le britannique First Choice pour créer un géant de 17 milliards d'euros de chiffre d'affaires.

Presque tous les pays sont concernés par ces grandes manoeuvres. Alors que le géant espagnol de l'énergie Endesa réunit ce mardi son conseil d'administration et qu'il est convoité tant par l'allemand E.ON que par l'italien Enel, en Autriche c'est le groupe Böhler-Uddeholm (14.300 salariés dont 4.000 en Autriche et trois milliards d'euros de chiffre d'affaires), leader mondial des aciers spéciaux, qui fait l'objet de l'intérêt du fonds d'investissement britannique CVC Capital. L'actionnaire de référence du groupe depuis 2001, Rudolf Fries, détenteur de 20,95% du capital, pourrait lui céder ses parts.

Bien sûr, l'Amérique n'échappe pas à ce raz-de-marée. C'est même un véritable tsunami que connaît là-bas la planète business en ce lundi avec des opérations à un, deux, cinq milliards de dollars voire plus.

Très attendue toute la journée à la suite de rumeurs en ce sens, la plus importante concerne l'offre du groupement américain d'hôpitaux CHS (Community Health Services) sur son concurrent Triad Hospitals d'un montant de 6,8 milliards de dollars, pour devenir le plus gros groupe hospitalier coté du pays avec un réseau de 130 hôpitaux, 18.700 lits et un chiffre d'affaires combiné de 5,8 milliards de dollars.

Dans le forage gazier et pétrolier, Hercules rachète son compatriote Todco. Dans les services à la propreté, ServiceMaster se fait reprendre pour 4,7 milliards de dollars par un groupe d'investisseurs mené par Clayton, Dubilier & Rice.

Dans un secteur connexe, les réseaux d'énergie et de télécommunications, Quanta va acquérir InfraSource Services pour 1,26 milliard de dollars.

Dans la distribution d'articles de sport, Foot Locker pourrait lancer une offre sur son concurrent Genesco.

Dans le fret maritime, EGL est racheté par un groupe dirigé par son PDG fondateur James Crane pour 1,7 milliard de dollars.

Dans le cuivre, Freeport-McMoRan finalise l'acquisition pour 26 milliards de dollars de Phelps Dodge créant ainsi le premier acteur coté en Bourse du marché planétaire.

Sans parler de la possibilité de voir l'offre record pour des fonds lancée sur le distributeur d'électricité du sud des Etats-Unis TXU, pour 45 milliards de dollars, faire l'objet d'une surenchère de la part d'autres fonds menés par Blackstone.

Même l'Amérique du Sud n'est pas en reste avec le rachat par le géant pétrolier brésilien Petrobras de son concurrent Ipiranga, en compagnie des sociétés Ultrapar Participacoes et Braskem, pour un total de quatre milliards de dollars.

Et l'on ne parle pas ici des opérations à moins d'un milliard de dollars ou d'euros... Autant dire que les banquiers d'affaires ont le sourire. Et qu'après, la folie des années 2005 et 2006, record en termes de nombre et de montants de fusions-acquisitions, l'année 2007 promet d'être encore euphorique.

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