Flics new-yorkais et maffieux russes

"La nuit nous appartient" est un polar haletant, plein d'émotion, de l'américain James Gray. A la fin des années 80, des maffieux russes s'emparent du trafic de drogue et sèment la zizanie dans une famille de flics new-yorkais. Joaquin Phoenix joue formidablement le rôle de la brebis égarée, contrainte de choisir son camp.

"We own the night" (La nuit nous appartient), c'est la devise de l'unité de la police de New York chargée des crimes sur la voie publique. Mais c'est dans les deux sens que James Gray emploie l'expression: comme cri de guerre des criminels qui règnent sur le monde la nuit et comme cri de ralliement des policiers qui les traquent.

Après "Little Odessa" et "The Yards", films policiers situés tous deux dans le milieu new-yorkais, le talentueux James Gray, né en 1969 dans le Queens, confirme son sens de la tragédie et sa maîtrise d'une intrigue policière écartelée entre deux logiques qui parfois se recoupent: d'un côté celle de la famille, de l'autre celle de la pègre. En l'occurrence la pègre russe qui s'est imposée dans le trafic de drogue dans les bas-fonds de New York à la fin années 80.

"La nuit nous appartient" se situe à Brooklyn à l'époque de l'invasion du crack et du disco, juste avant la reprise en mains effectuée par le maire Rudolph Giuliani.

Laissant une large place à l'émotion, sans pour autant verser dans le mélo ni l'hystérie, le film, quoique que de facture très classique, représente un point de vue personnel, renouvelant par là-même le genre du film noir. Il emploie un trio d'acteurs remarquables pour interpréter un clan familial déchiré entre le sens du devoir et les liens du sang.

Au centre, et cause première du déchainement de violence à venir, il y a Bobby (formidable Joaquin Phoenix). Sous ses airs débonnaires, Bobby, jeune patron d'une boîte de nuit branchée appartenant à une famille russe, cache une ambition vorace. Appâté par l'argent facile et le train de vie fastueux de ses patrons qui contraste fortement avec le milieu modeste dont il est issu, Bobby cache soigneusement ses liens avec sa famille: son père Burt (Robert Duval) et son frère Joseph (Mark Wahlberg) sont tous deux des figures émérites de la police criminelle. Seule sa petite amie Amada (la sublime Eva Mendes) est au courant de ses activités et des compromissions auxquelles le conduit son goût pour la drogue.

Inévitablement, la trajectoire ascensionnelle de Bobby va le mettre en conflit avec les deux autres mâles de sa famille. Mais, comme de juste, le père est beaucoup plus compréhensif que le frère. Lequel ne supporte pas de voir Bobby s'enfoncer dans la criminalité.

Avec une cruauté qui glace le sang, les mafieux russes ne vont pas manquer d'accentuer la pression dès qu'ils vont apprendre les liens familiaux de Bobby. Et obliger celui-ci à choisir son camp. Cela ne se fera pas sans dommages. Ni sans risque pour sa petite amie ni pour son père qui s'expose un peu trop en tentant de tirer sa progéniture des griffes des criminels. Mais c'est le prix à payer pour ramener le fils prodigue au bercail.

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