François Bayrou propose un projet de "social-économie" sans dépenses supplémentaires

François Bayrou a présenté ce vendredi un projet économique avec un montant de dépenses égal à celui des recettes. Il propose un référendum sur les retraites, des mesures pour développer les PME et les créations de postes. Enfin, le candidat UDF à la présidentielle défend la BCE mais souhaite lutter contre les déséquilibres monétaires de la planète.

Lors d'une conférence de presse tenue ce vendredi matin pour la présentation de son programme économique, François Bayrou a présenté un projet de la "social-économie" à zéro euro de dépenses nettes supplémentaires. "Le coût de mon projet est de 21 milliards d'euros de dépenses nouvelles" et "21 milliards d'économies", a affirmé le président de l'UDF. Le candidat à la présidentielle a également précisé qu'il n'y aurait "aucune augmentation des prélèvements obligatoires". Répétant son intention, s'il était élu, d'inscrire dans la Constitution l'interdiction pour un gouvernement de présenter un budget en déficit de fonctionnement, hors périodes de récession, il propose de "supprimer en trois ans les 22 milliards d'euros de déficit de fonctionnement du budget de l'Etat".

Il table pour ce faire sur une prévision de croissance annuelle "raisonnable" de 2% et une hausse des prix de 1,8% permettant une augmentation des recettes "de 14 milliards par an". La moitié de cette somme serait consacrée à la diminution du déficit de fonctionnement. "Au bout de trois ans, nous avons retrouvé l'équilibre et la part de la dette dans la richesse nationale se met à baisser", a-t-il dit. "Et après ces trois ans, l'Etat et les collectivités locales retrouvent donc sept milliards d'euros par an de marge de manoeuvre".

François Bayrou compte faire neuf milliards d'euros d'économies avec la suppression progressive en trois ans des exonérations de charges sur les entreprises autres que PME ainsi que sur les salaires au dessus de 1,3 SMIC. Il compte aussi faire 3 milliards d'économies sur le contrat de solidarité entre l'Etat et les collectivités locales et 4 milliards avec le plafonnement progressif du montant global des niches fiscales. Enfin, 5 milliards d'euros d'économies proviendront de la "modernisation de l'Etat".

Sur le sujet très sensible des retraites, le candidat UDF suggère de faire appel à un référendum un "projet de loi" sur la réforme des retraites, qui inclurait "naturellement" les régimes spéciaux, avec une prise en compte de la pénibilité du travail dans le calcul des trimestres cotisés. Une solution selon lui pour que la réforme adoptée soit incontestable, pérenne et si possible transpartisane", a-t-il déclaré, "stupéfait" d'avoir lu dans le projet du PS que "la première mesure d'un gouvernement de gauche devrait être de supprimer la loi Fillon votée en 2004". Il compte également "revaloriser le minimum vieillesse et les petites retraites, avec un objectif de 90% du SMIC à la fin du quinquennat", pour un coût de "3,3 milliards".

Sur le terrain de l'Europe, François Bayrou a défendu l'action de la Banque centrale européenne (BCE), accusée par Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal de se focaliser sur la maîtrise de l'inflation au détriment de la croissance.
"Je veux défendre l'idée d'une action contre la hausse des prix. C'est une action sociale", a-t-il insisté. "Deuxièmement, pour servir la croissance, la confiance dans la monnaie est un facteur absolument essentiel", a ajouté François Bayrou. Rappelant que la France emprunte à 3,85% à 50 ans pour financer sa dette, il a estimé que "tout le monde voit bien ce que cette confiance dans la monnaie entraîne comme modicité des taux d'intérêt et donc comme soutien à l'investissement". François Bayrou a en revanche regretté "le silence" des responsables politiques de l'Union européenne "sur le déséquilibre dans les monnaies de la planète", notamment la monnaie chinoise.

Autre sujet très en vogue, François Bayrou a estimé que l'ISF "a fait du tort à la France" et provoqué le départ de "dizaines de milliards d'euros à l'étranger". Il s'est dit favorable à "une imposition sur le patrimoine à base large, mais à taux léger", soulignant que "de plus justes déclarations élargiront l'assiette". S'opposant à la "fiscalité gruyère", il par ailleurs proposé de "plafonner" l'avantage fiscal né du cumul des "niches" à "20% par exemple" de l'impôt dû par chaque contribuable, avec un "plancher" pour les petits revenus. Cette stratégie "progressive" de plafonnement des niches fiscales, qui représentent selon lui un coût de l'ordre de 40 milliards d'euros, pourrait être "établie en trois ans". En matière de successions, il a proposé d'"exonérer complètement les successions en ligne directe jusqu'à 200.000 euros" et de "relever l'abattement par part d'enfant".

Pour l'aide au PME, dont le développement manque beaucoup au tissu productif français, François Bayrou, qui veut créer un "Small business Act" à la française sur le modèle de ce qui existe aux Etats-Unis, a rappelé ses trois autres objectifs pour aider les petites entreprises françaises. L'UDF propose une simplification des règlements et des contraintes "extrêmement lourds" qui pèsent sur les PME, la réservation aux PME de "tout marché public inférieur à 50.000 euros" et un raccourcissement des délais de paiement de l'Etat et des collectivités locales.

Pour favoriser l'emploi, le candidat UDF a proposé que chaque entreprise ait le droit de créer deux emplois nouveaux sans charges pendant cinq ans. "Sans charge, sauf 10% destinés à améliorer le financement des retraites" a-t-il précisé.

Enfin, la recherche sera au coeur de ses priorités. François Bayrou propose une augmentation régulière, sur le long terme, du budget de la recherche, de l'ordre de 5% par an sur dix ans. De façon emblématique, il propose par ailleurs de d'exempter d'impôt les revenus des brevets déposés par des chercheurs français ou résidents en France, pour encourager l'installation dans l'hexagone des chercheurs les plus performants.

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