Le ministre belge des Finances vante le modèle bruxellois

La Banque nationale de Belgique a annoncé hier une croissance de 3% du PIB belge en 2006. Dans une interview accordée à latribune.fr, Didier Reynders, ministre belge des Finances, explique comment la politique du gouvernement a largement contribué à ce succès.

Latribune.fr.- Comment la croissance belge s'est-elle développée malgré un euro fort et les contraintes du Pacte de stabilité?

Didier Reynders.- La conjoncture internationale nous a bien sûr aidés. Nous sommes très dépendants des grands pays voisins comme l'Allemagne, avec qui nous commerçons. La reprise allemande a eu des effets positifs chez nous. Mais parmi les éléments qui sont entre les mains des pouvoirs publics, deux ont également joué un rôle. Depuis 2000, nous présentons chaque année, un budget en équilibre. Et nous avons une dette publique qui baisse de façon constante. En 1993, elle atteignait 138% du PIB belge. Cette année, elle sera proche de 85%. Cette gestion des finances publiques donne confiance aux entreprises. Cela explique en partie la hausse des investissements privés qui a nourri notre croissance.

En outre, cette croissance intérieure a été complétée par nos réformes fiscales. Nous avons baissé la pression sur les salaires et réduit le taux d'imposition sur les sociétés. Sur ce dernier point, nous sommes passés de 40% à un taux moyen de 24-25% aujourd'hui. De telles réformes ne sont crédibles que si elles s'appuient sur une volonté continue d'assainir les finances publiques: les entreprises doivent savoir qu'une baisse du taux d'imposition est durable, que la tendance ne va pas s'inverser du jour au lendemain parce que les déficits se creusent.

La Belgique a aussi subi des chocs du fait de la mondialisation et de l'ouverture des marchés européens, dans la métallurgie ou la construction automobile. Ne songez-vous pas à une ouverture plus prudente du marché belge ?

Le Premier ministre, Guy Verhofstadt, et moi même développons plutôt l'idée inverse. Nous sommes allés ces derniers mois en Inde, en Chine et en Russie pour expliquer que nous sommes en quelque sorte une porte d'entrée ouverte sur l'Europe. Nous disposons du deuxième port européen, avec Anvers, ainsi que de plusieurs aéroports. Nous détenons une expertise logistique exceptionnelle. Ce sont autant d'éléments que nous faisons valoir auprès des investisseurs pour les attirer dans notre pays qui abrite, pour ainsi dire, la capitale de l'Union européenne.

Les demandeurs d'emplois restent très nombreux dans certaines régions, en Wallonie ou à Bruxelles. Pourquoi la croissance ne "mord"-t-elle pas davantage sur le chômage ?

Le gouvernement avait fixé pour objectif de créer 200.000 emplois sur la législature. Aujourd'hui, le débat entre la banque nationale et l'institut de la statistique est de savoir si 165.000 ou 210.000 emplois ont été créés. En clair, cela signifie que nous sommes proche du but. Chaque année, l'économie belge crée 40 à 45.000 emplois. Mais cela ne suffit pas pour absorber la demande des jeunes qui arrivent sur le marché du travail et résorber simultanément le chômage existant. Le chômage reste un point faible. Les créations d'emploi sont là, mais elles ne sont pas suffisantes.

C'est pourquoi nous mettons tout en oeuvre pour conserver des activités industrielles lourdes, comme dans la sidérurgie avec Mittal ou la construction automobile avec Volkswagen. Nous savons toutefois que l'on doit s'attendre à des restructuration dans ces secteurs. Simultanément, nous développons des activités de logistiques qui permettent de créer des emplois, y compris peu qualifiés. Et nous favorisons le développement de la recherche. De grands groupes pharmaceutiques, comme GSK, ont ainsi récemment annoncé leurs décisions d'investir en Belgique. Il ne faut négliger aucun de ces fronts.

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