Avis d'expert : "se soucier de sa vie privée pour réussir sa vie professionnelle"

Jean-Luc Cerdin est professeur à l'Essec, spécialiste de la mobilité internationale. Il est l'auteur de "S'expatrier en toute connaissance de cause" (éd. Eyrolles, 15 euros)

La Tribune : Comment bien préparer son expatriation ?

Jean-Luc Cerdin : Dans l'esprit des cadres, une proposition de mobilité à l'international ne se discute pas. Elle s'accepte immédiatement et sans condition, hormis celle concernant le salaire. Tellement elle est, dans l'imaginaire, valorisante, accélérateur de carrière. Or, ce n'est pas forcément le cas. Les cadres doivent prendre conscience que l'expatriation n'est pas toujours positive pour eux. Ils doivent donc se poser, avant de donner sa réponse, les vraies questions les concernant. La première étant : suis-je vraiment adapté à la mobilité internationale ? La réponse ne va pas de soi. En effet, mieux vaut pour certaines personnalités, celles qui ont besoin de sécurité personnelle ou qui s'occupent de parents âgés, ne pas s'éloigner de leur ville de résidence. Ils peuvent toujours dire non à la proposition si certaines conditions ne sont pas remplies. Le cadre doit se soucier de sa vie privée pour réussir sa vie professionnelle.

Le cadre qui décide de s'expatrier doit-il aussi se préoccuper de la situation de sa famille ?

C'est effectivement un point essentiel. Or, souvent, le conjoint passe souvent au dernier plan dans la réflexion pré-mobilité. Or, s'il vit mal ce qui est aussi pour lui une expatriation, la mobilité du cadre sera un échec assuré. Pour éviter cette catastrophe, le conjoint doit aussi réfléchir à son projet de vie lors du séjour à l'étranger. Il ne s'agit pas forcément d'un travail, cela peut être un projet humanitaire, une formation. L'important, c'est qu'il ne perde pas son temps et, mieux, gagne des connaissances supplémentaires au cours de cette période.

Au-delà du salaire et autres périphériques de rémunération, à quoi doit prêter attention le futur expatrié s'il accepte une mobilité internationale ?

Il doit se pose une question : mes compétences vont-elles s'accroître au cours de cette période de mobilité ? Certes, une période à l'étranger est souvent en soi profitable et permet de développer sa personnalité. Mais le cadre doit savoir qu'il peut aussi perdre son savoir-faire notamment technique. A lui d'éviter cet écueil.

Faut-il évoquer ces points avec son employeur ?

Bien évidemment ! D'autant plus que ceux-ci s'ouvrent à des négociations sur ces questions individuelles. C'est une différence importante avec le passé. Il y a quelques années, ils ne parlaient que salaires et autres avantages. Ils étaient choqués lorsqu' l'on évoquait d'autres points. Aujourd'hui, ils disposent de procédures pour traiter la situation des conjoints, y compris par des accords avec d'autres groupes installés dans les mêmes zones de mobilité. De même, le cadre aura tout intérêt à négocier une formation interculturelle et un maintient, voire un accroissement, de ses compétences techniques.

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