DaimlerChrysler : les ratés du "mariage du siècle"

Neuf ans après avoir consommé l'alliance et le jour même de la Saint Valentin, le divorce entre le géant allemand Daimler, maison-mère de Mercedes, et l'américain Chrysler, est à l'étude.

Le mariage du siècle, n'avait pas hésité à qualifier Jürgen Schrempp, l'ancien président de DaimlerChrysler, en annonçant les fiançailles de Chrysler et Mercedes. Neuf ans après avoir consommé l'alliance et le jour même de la Saint Valentin, le divorce est pourtant à l'étude.

"Aucune option n'est exclue de manière à trouver la meilleure solution pour le groupe Chrysler et pour DaimlerChrysler" a annoncé le groupe allemand. Son président, Dieter Zetsche a refusé toutefois d'en dire plus. Refusé de confirmer des discussions avec GM, comme croit le savoir un magazine allemand. Refusé de dire s'il s'agira "seulement" d'une scission avec introduction en bourse.

Il a longuement insisté en revanche sur les alliances avec d'autres constructeurs que sa filiale américaine doit mettre en place pour se donner un nouvel avenir et réduire ses coûts. On croyait pourtant qu'il voulait justement à l'avenir développer la coopération entre Mercedes et Chrysler pour qu'enfin l'idée qui avait donné naissance au mariage prouve toute sa justification.

Il n'y aura pas de plateforme commune avec Mercedes. Seulement des "architectures communes" a-t-il toutefois concédé. Les deux groupes vont continuer de travailler ensemble dans la mesure du possible. Mais rien de plus. Aucun concept à la Volkswagen comme on s'y attendait.

Autant d'indices qui parlent en faveur d'un divorce à plus ou moins rapide échéance. Erich Klemm, le président du comité d'entreprise du groupe et membre du conseil de surveillance, a d'ailleurs mis les pieds dans le plat. La crise chez Chrysler ne doit pas précipiter le groupe dans une débâcle financière, a-t-il insisté, se réjouissant que toutes les options aujourd'hui soient à l'étude, maintenant qu'il est bien prouvé que le potentiel de synergies entre les deux groupes est limité.

De quoi enterrée définitivement la fameuse "Welt AG" (société mondiale) de Jürgen Schrempp qui avec Mitsubishi et Chrysler voulait faire du groupe le numéro un mondial. Comme celui-ci avait progressivement cassé toute la stratégie mise en place par son prédécesseur Edzar Reuter, il voit aujourd'hui sa vision proche des oubliettes.

Encore président du directoire, il avait déjà encaissé en 2004 un premier affront quand Dieter
Zetsche avec l'appui de la majorité des autres membres du directoire avait décidé de couper les vivres à son partenaire japonais alors que Jürgen Schrempp voulait rallonger la sauce. Un an tout juste après avoir pris sa succession, Dieter Zetsche porte l'estocade.

Une décision applaudie par les actionnaires. Comme lors de l'annonce de la démission de Schrempp qui avait entraîné le cours vers les sommets, l'action a flambé de 5% après que DaimlerChrysler ait révélé que toutes les options pour l'avenir de Chrysler étaient ouvertes. A plus de 52 euros, le titre a même atteint son plus haut depuis quatre ans.

Une évolution qui rappelle celle de BMW. Le constructeur bavarois a retrouvé la forme et son titre les sommets après qu'il a mis un terme à son aventure avec l'anglais Rover. Après y avoir aussi perdu beaucoup d'argent. "Je ne vois pas les similitudes" a toutefois répondu Dieter Zetsche a un journaliste qui lui demandait où étaient les différences avec l'aventure BMW/Rover.

Pour les actionnaires en attendant, les changements radicaux de stratégie avec chaque nouveau patron du groupe sont irritants. Car ce sont des milliards qui sont partie en fumée à chaque fois. Non seulement dans les comptes mais aussi en Bourse.

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