Je viens de voir Afrique du Sud - Argentine au Stade de France. Pas un grand match mais beaucoup de points et une victoire très opportuniste des Spring Boks. On a vu en fait un match à styles renversés: des Argentins jouant à la main, même près de leur but, et au large, au risque de se découvrir et de prendre des contres (ce qui n'a pas manqué) face à des "Sud-Af" attendant la faute de l'adversaire pour lancer leurs fusées tel Habana, décidemment le meilleur joueur de ce Mondial de rugby, en tout cas le plus en vu. Mais ces Spring Boks ont montré aussi des failles, notamment en défense. Les Anglais n'auront pas partie perdue. Et ils voudront sans doute prendre leur revanche après le 36 à 0 infligé en match de poule par cette même Afrique du Sud.

Les Français aussi auront à coeur de venger l'affront infligé en début de compétition par les Pumas argentins, équipe la plus surprenante de cette Coupe du Monde. Le paradoxe, c'est que Bernard Laporte voudra sans doute faire jouer les Bleus que l'on a peu vus dans cette compétition, y compris ceux qui ont bu la tasse face à l'Argentine.

Un vrai goût de match retour avec tous les risques que cela comporte, y compris celui de faire oublier le succès inespéré du XV tricolore face aux All Blacks. Terminer la compétition sur deux défaites, face à l'Angleterre et face à l'Argentine donnerait un goût vraiment amer à l'aventure. Verdict vendredi soir au Parc des Princes (pas plus mal, le Stade de France ne réussissant finalement pas toujours aux joueurs français) avant la grande finale samedi soir qui sacrera soit une équipe sud-africaine dominatrice pendant toute cette compétition, soit des Anglais revenus de l'enfer qui accompliraient alors une première dans la jeune histoire de la Coupe du Monde de rugby: conserver leur titre de champion du monde, prouvant au passage que l'hémisphère nord n'est pas aussi dépassé qu'on le dit face aux stars du Tri-Nations de l'hémisphère sud. Dans ce cas, ils pourront remercier les Français qui auront empêcher les Néo-Zélandais de se trouver sur leur passage.