Pas de cas similaire à Northern Rock chez nous, affirment Paris et Berlin

A l'occasion du conseil économique et financier franco-allemand à Berlin, les deux ministres des Finances ont cherché à rassurer en excluant l'éventualité d'une déconfiture bancaire comparable à celle de Northern Rock. De son côté, Christian Noyer (Banque de France) défend les injections de liquidités effectuées par les banques centrales.

Berlin et Paris ont écarté l'apparition dans leurs pays d'une crise comparable à celle de l'établissement bancaire britannique Northern Rock, ont déclaré ce mardi les ministres des Finances des deux pays, Peer Steinbrück et Christine Lagarde, lors d'une conférence à Berlin. Si Peer Steinbrück a déclaré qu'il "n'attend pas que ce genre de choses se passe en Allemagne", pour Christine Lagarde un cas similaire semble "totalement hypothétique". La ministre a notamment fait valoir que "le système bancaire français n'a pas d'établissement aussi spécialisé" que Northern Rock, et que le marché immobilier en France est "extrêmement formalisé."

Concernant la crise financière, Christine Lagarde et Peer Steinbrück ont fait valoir que la France et l'Allemagne voulaient arriver ensemble à faire des "propositions concrètes" pour plus de transparence sur les marchés financiers. "Une régulation contraignante au niveau international n'est pas possible", a reconnu le ministre allemand, indiquant qu'il "s'agit de trouver des codes de conduite." "Nous voulons travailler en concertation avec le secteur financier", a indiqué Christine Lagarde, expliquant: "pour que de bons comportements soient observés, ils doivent être assimilés par les acteurs eux-mêmes."

De son côté, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a défendu mardi dans une tribune au Financial Times les injections de liquidités effectuées par les banques centrales pour faire face à la crise financière actuelle, jugeant qu'elles "ne font que leur travail". "Des critiques se sont fait jour considérant que par de telles opérations, les autorités monétaires apportaient un soutien aux spéculateurs et recréaient ainsi le type d'aléa moral qui avait déjà entraîné des excès par le passé (...) D'autres critiques ont porté sur les atteintes à la cohérence de la politique monétaire qui résulteraient de ces interventions", commente-t-il.

Selon des propos rapportés par le quotidien le Monde daté de dimanche, Nicolas Sarkozy a jugé "curieux d'injecter des liquidités sans baisser les taux", à propos de l'action de la Banque centrale européenne (BCE). "On a fait des facilités pour les spéculateurs, on complique la tâche pour les entrepreneurs", avait-il ajouté. Christian Noyer juge ces "interrogations légitimes". "Des risques excessifs ont été pris et les pertes devront être assumées ; il importe que les autorités monétaires ne fassent rien qui puisse empêcher le processus de se dérouler jusqu'à son terme, et surtout qu'elles ne paraissent pas cautionner les excès passés ou à venir", ajoute-t-il.

Pour autant, il affirme que "l'orientation générale de la politique monétaire demeure inchangée". "Une distinction claire a été, et sera, maintenue entre la fourniture temporaire de liquidités d'une part, et l'orientation à moyen terme de la politique monétaire d'autre part", assure Christian Noyer. "Si, à l'avenir, la politique monétaire devait faire l'objet d'un ajustement, ce ne serait pas en vue d'atténuer les tensions financières, mais pour répondre à son propre objectif de moyen terme et prendre en compte la situation économique".

Il ajoute que "s'agissant de la zone euro, le Conseil des gouverneurs" de la BCE a estimé que "l'orientation globale" de la politique monétaire a "encore un caractère accommodant" et que "des risques à la hausse continuent de peser sur les perspectives de stabilité des prix à moyen terme". Le 6 septembre, la Banque centrale européenne a maintenu inchangé son principal taux directeur, à 4%, tout en laissant entendre qu'elle songeait toujours à remonter ses taux directeurs pour combattre des risques inflationnistes. "En agissant pour rétablir l'équilibre et la stabilité du marché interbancaire, les banques centrales ne font que leur travail", conclut le gouverneur de la Banque de France.

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