Total veut plus de femmes et d'étrangers dans ses cadres dirigeants

Le patron du groupe Christophe de Margerie veut, dans le dialogue, accroître la part des femmes et des non-Français parmi ses cadres dirigeants. Un objectif essentiel pour le groupe tant en terme de business que d'image.

"Nous voulons échanger avec des personnalités extérieures (...) ce sont des experts universitaires qui vont dialoguer avec des cadres d'entreprise", insiste Christophe de Margerie, directeur général de Total en marge de la session "diversité plurielle" de l'université Total que le groupe a réuni ce mardi en présence de quelques "stars" de la philosophie, de la sociologie et de l'anthropologie.

Un objectif est affiché par le géant pétrolier français : favoriser l'arrivée de femmes et de non-français aux manettes. Une "obligation", selon lui, pour acquérir de nouvelles compétences. Mais derrière cet ardent objectif, il s'agit plus d'un exercice d'ouverture et de modestie pour un groupe réputé pour ses certitudes.

Ainsi, plutôt que de décider urbi et orbi, seul, de ce qui convient pour augmenter le nombre de femmes parmi les cadres dirigeants du groupe, Total a commandé une étude qualitative et quantitative auprès de parents et de lycéennes à un institut de sondage pour comprendre pourquoi les filles ne se dirigeaient pas volontiers vers les études scientifiques, pourquoi elles ne peuplaient pas les bancs des écoles d'ingénieurs et pourquoi, au final, une seule femme siège au comité directeur du groupe pétrolier au milieu de 27 hommes.

Le vivier des écoles d'ingénieurs s'avère étroit pour dépasser les 30% de femmes parmi les cadres recrutés et encore plus pour atteindre l'objectif de 33% que s'est fixé le groupe pour 2010.

Christophe de Margerie, et Jean-Jacques Guilbaud, directeur des Ressources Humaines et de la Communication, ont bien insisté sur le fait qu'il fallait d'abord soigneusement décortiquer cette étude avec l'Ecole Centrale, partenaire du groupe dans ce combat paritaire, avant de tracer les pistes du plan permettant d'attirer les filles vers les métiers d'ingénieurs. Rien n'est donc ficelé. Le dialogue est privilégié. Modestement.

La modestie est encore plus de mise en ce qui concerne l'arrivée de non-Français parmi les dirigeants du groupe. "Nous pensons très sincèrement que cela va améliorer la manière dont Total fonctionne dans les 130 pays où il est présent", remarque Christophe de Margerie. Il insiste sur le fait que le groupe ne veut se fixer aucun objectif chiffré, mais juste créer modestement un vivier de talents et faire preuve de volontarisme pour "préparer le futur de Total". Pour répondre surtout aux souhaits des pays d'où Total extrait pétrole et gaz. Ceux-ci bientôt exigeront que leurs nationaux accèdent aux premiers postes de responsabilité des filiales du groupe, avec à la clé des menaces d'expulsion.

Certes, 60% des managers du groupe sont des internationaux et 22% parmi les dirigeants. Mais ces chiffres sont insuffisants. Pour renforcer cette diversité nationale, Total a invité, en juillet, 102 étudiants de 80 universités des cinq continents à sa "summer school", manière de se présenter sous son meilleur jour.

Pour élargir cette base, le groupe va lancer des opérations d'éducation et de formation dans les pays où il est présent. Modestement, ce ne sont pas les équipes actuelles de Total qui vont les piloter. Total fera appel à ceux qui savent, les spécialistes de ces métiers, nouveaux pour le groupe. Plus encore, dans les pays où les structures éducatives ont été ravagées par des guerres civiles, comme en Angola, le groupe n'arrivera pas avec des "réponses toutes faites". "Ce serait du colonialisme", s'insurge Christophe de Margerie.

Les indices de ce changement modeste se laissaient entrevoir en interne avant l'été. Alors que le groupe est confronté à des accusations de toutes sortes, fondées ou non, depuis la Birmanie jusqu'à la sécurité sociale française en passant par l'Erika et l'Iran, il n'en est sûrement qu'à ses débuts aujourd'hui très consensuels.

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