Le patron de Siemens défend sa stratégie devant ses actionnaires

On s'attendait à une assemblée générale mouvementée entre l'affaires des caisses noires, la lourde amende lourde infligée hier par Bruxelles pour entente, la faillite des mobiles de BenQ, son ancienne division de téléphone mobile, et le relèvement de 30% des salaires que le directoire avait obtenu juste avant. Mais si les critiques ont été nombreuses, elle étaient moins agressives que prévu.

"Que se passe t-il chez Siemens pourtant réputé pour son sérieux et sa solidité?" a demandé Daniela Bergdolt, la représentante de l'association de petits actionnaires DSW devant les quelque 12.000 actionnaires qui avaient bravé la neige pour venir assister aux débats. Et de reprocher aux dirigeants d'avoir sous-estimé l'importance de l'affaire de corruption.

"N'attendez pas de vote de confiance" après "le théâtre des quatre derniers mois", a averti Hans-Martin Buhlmann, le représentant de l'association des investisseurs institutionnels VIP. Un vote que le puissant fonds britannique Hermes, qui gère notamment le fonds de pension de British Telekom, ne donnera pas non plus au vu d'une politique d'information qu'il a aussi qualifié de déficiente.

"Siemens a besoin d'un nouveau départ, d'une nouvelle crédibilité, et ce n'est pas possible sans des changements de personnes", a estimé de son côté le représentant de l'association de petits actionnaires SDK, reprochant aussi l'évolution du cours qui l'an dernier a à peine progressé.

Plus d'une quarantaine d'actionnaires au total se seront succédés à la barre pour faire part de leurs mécontentements ou satisfactions. Beaucoup de critiques. Mais sans excès. Beaucoup d'applaudissements aussi pour les excellents résultats du premier trimestre du nouvel exercice (octobre à décembre) et la stratégie de recentrage autour de l'énergie, le médical, les infrastructures et les automates.

Au début de l'assemblée générale, le président du conseil de surveillance, Heinrich von Pierer avait fait son mea culpa, reconnaissant qu'il n'avait pas réussi à mettre en place les contrôles suffisants pour éviter la corruption, même si pourtant il avait pris le dossier au sérieux.

Klaus Kleinfeld ensuite a livré un discours offensif où il a préféré convaincre avec ses mots plutôt que de suivre à la lettre le texte qu'il avait préparé, s'excusant même auprès des 3.000 salariés de BenQ, l'ancienne division de téléphone mobile de Siemens, qui ont perdu leur emploi. "Siemens depuis le début du nouvel exercice a deux visages, l'un souriant, l'autre sombre", a-t-il reconnu. Souriant grâce aux excellents résultats opérationnels, sombre à cause de l'affaire de corruption qui fait les gros titres depuis novembre. "Mais toute crise apporte aussi ses chances", a-t-il insisté après avoir longuement détaillé les forces du groupe allemand.

Une performance qui a visiblement payé. A Francfort aussi, la Bourse a applaudi. L'action, au plus haut depuis juin 2001, cote en hausse de plus de 6%. Alors que leur siège semblait devoir vaciller, Klaus Kleinfeld et Heinrich von Pierer ont donc réussi pour l'instant à stabiliser la situation.

Reste à voir désormais ce que donneront à la fois l'enquête interne confiée à un expert américain et celle du Parquet de Munich. Deux anciens membres du directoire, l'ancien directeur financier, Heinz-Joachim Neubürger, et l'ancien responsable de la division Com font partie des accusés.

Les conséquences éventuelles de l'affaire qui entache l'image du groupe allemand interviendront aussi forcément après un certain délai. Chez Siemens, on n'exclut pas que le dossier poursuive le groupe pendant encore toute l'année.

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