Le Sénat épingle l'élitisme des classes préparatoires

Depuis les années 80, les classes préparatoires des grandes écoles comptent une surreprésentation d'élèves issus de milieux favorisés. Un étudiant en classe préparatoire coûte deux fois plus cher qu'un étudiant à l'université.

Reproduction des élites, coût important pour la communauté: les classes préparatoires aux grandes écoles peinent à s'ouvrir aux élèves méritants des milieux populaires, selon un rapport sénatorial rendu public mardi. Rédigé par Jacques Legendre (UMP) et Yannick Bodin (PS), ce document déplore "une surreprésentation d'élèves issus de milieux favorisés" dans ces classes prépa.

Ce constat n'est pas nouveau mais, au fil des décennies, ce phénomène s'est accentué. Les élèves issus de milieux favorisés étaient en 2005-2006 "près de 54%" pour "30% issus d'un milieu intermédiaire et 13% d'un milieu défavorisé", assurent les sénateurs. Le rapport cite une étude publiée en 2003, montrant que s'il y a eu "une certaine démocratisation dans la période allant des années 1940 aux années 1970", la période suivante, "à partir des années 1980", est au contraire marquée par une "interruption de la démocratisation"

Les sénateurs soulignent par ailleurs que "l'Etat dépense en moyenne 13.760 euros (par an) pour un étudiant de classe préparatoire" et moitié moins pour un étudiant à l'université. Ils constatent également "un phénomène d'autocensure très puissant". Certains jeunes, malgré de très bons résultats scolaires, "ont le sentiment de vivre dans un monde bien étranger à celui des classes préparatoires et des grandes écoles avec ses propres codes (comportementaux, vestimentaires) et parfois son propre langage", ce qui entretient chez eux, un "sentiment d'illégitimité", écrivent-ils.

Les auteurs ont par ailleurs évalué différentes expérimentations, comme le concours spécifique aux élèves de ZEP initié par Sciences-Po Paris en 2001, l'ouverture d'une "classe préparatoire aux études supérieures" ouverte l'an dernier par le lycée Henri IV à Paris pour remettre à niveau des élèves boursiers nationaux ou encore l'opération de tutorat menée par "100.000 étudiants pour 100.000 élèves" menée depuis un an. Selon eux, ces divers dispositifs sont à double tranchant. Individuellement, pour les élèves qui en profitent, ils font souffler un "vent d'optimisme", mais ils "risquent de créer de nouvelles inégalités", notamment territoriales, car ils n'existent pas partout.

Au chapitre des propositions, les sénateurs suggèrent d'abord d'améliorer l'information et l'orientation des élèves et des familles, en inscrivant notamment l'aide à l'orientation dans "les missions des professeurs de collèges et de lycée" et en "démystifiant" les classes préparatoires. Ils conseillent également de revoir la carte de ces classes et de les créer plus nombreuses en banlieue et en zones rurales.

Afin de "lever les handicaps financiers", ils proposent en outre de réviser le système des bourses, d'amplifier les bourses d'entreprises et de créer des internats, ouverts les week-ends et durant les petites vacances dans tous les lycées accueillant une classe prépa.

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