La Chine relève ses taux ainsi que la bande de fluctuation de sa devise

Pékin annonce, à la veille de l'ouverture de la réunion ministérielle des grands argentiers du G7, sa décision de relever ses taux afin de refroidir sa croissance économique exubérante. La bande de fluctuation du renminbi a également été élargie. Les analystes mettent en garde contre la réaction négative des Bourses de Shanghai et de Hong Kong lundi, à l'ouverture du marché

La mesure, d'apparence limitée, a un impact d'autant plus fort qu'elle intervient à l'ouverture de la ministérielle du G7 à Postdam. Pékin vient d'annoncer une nouvelle hausse du niveau de ses taux d'intérêts afin de tenter de refroidir - un peu - une machine économique en permanence menacée de surchauffe. Le taux de base chinois ne sera pourtant relevé, à partir de demain samedi, que de 18 points de base, à 6,57% et le taux sur les dépôts de 27 points, à 3,06%.

Ce genre d'exercice rend toujours les marchés extrêmement nerveux, les investisseurs redoutant en permanence que ces expériences d'apprenti sorcier ne viennent "casser" l'expansion d'une économie restant le moteur de la croissance mondiale. Ce relèvement - le quatrième depuis avril 2006 - vise à tenter de canaliser un peu les investissements débridés réalisés dans le pays, en relevant (un peu) le coût des emprunts. "Pas vraiment un tremblement de terre, ceci entre dans la lignée du tour de vis progressif" (entrepris par les autorités), réagit Andrew Freris, économiste chez BNP Paribas à Hong Kong.

Autre mesure décidée vendredi, le relèvement du taux de réserves obligatoires imposé par les autorités monétaires aux banques du pays, également destiné à calmer leur activité exubérante de prêts. Des décisions qui étaient prévisibles, depuis la publication, le mois dernier d'indicateurs économiques montrant que sur le premier trimestre, la république populaire avait connu une croissance de son activité économique de... plus de 11%, ce qui signalait clairement le risque de surchauffe.

Selon Andrew Freris, si ces "mouvements en eux-mêmes ne vont pas réellement freiner l'économie, leurs effets successifs vont lentement commencer à se faire sentir". Pour l'économiste, "la politique monétaire chinoise n'a jamais été extrême, aussi nous pouvons nous attendre à une autre hausse similaire de 45 à 50 points de base, les exigences de réserves des banques devant également être relevées".

Surtout, dans une dernière décision, également très symbolique, Pékin a également "touché" à sa monnaie, dont la bande de fluctuation quotidienne a été élargie de 0,3% à 0,5%. Un geste destiné à calmer les critiques américaines sur la sous-évaluation de la devise chinoise, à quelques jours d'une réunion bilatérale à Washington sur les relations économiques et commerciales entre les deux pays... et alors que les ministres des finances du G8 doivent notamment évoquer en Allemagne la question du renminbi.

Ces trois mesures, annoncées quasi simultanément - et après la clôture des places de Shanghai, Shenzhen et Hong Kong - auront certainement un impact profond sur le sentiment des marchés... et augmente la probabilité d'une forte correction boursière à Shanghaï dont le marché a déjà été fortement ébranlé en février dernier. Une secousse qui avait déclenché un bref vent de panique sur l'ensemble des marchés du globe.

Cette semaine le marché boursier local est resté stable. "Après les nouvelles peu glorieuses qui ont entouré les bourses chinoises cette semaine, l'ouverture du marché lundi matin ne sera pas joyeuse, en particulier à Hong Kong où les investisseurs redoutent toujours la contagion d'une crise boursière [née sur le Continent, ndlr]", termine Andrew Freris.

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