Angela Merkel tire un bilan économique positif du G8

La chancelière allemande, hôtesse du G8 tenu à Heiligendamm, a souligné en particulier les progrès réalisés dans la protection du climat et l'aide à l'Afrique pour lutter contre le Sida. Mais les engagements pris sont souvent restés vagues.

"Ce sommet fût un succès car des décisions de grande ampleur ont pu y être prises", a déclaré la chancelière sans triomphalisme aucun lors de la conférence de presse finale du sommet du G8 à Heiligendamm. Le principal acquis de ce forum informel des chefs d'Etats au bord de la mer Baltique est incontestablement la victoire d'étape obtenue pour sortir les Etats-Unis de leur position isolée dans la lutte contre le réchauffement climatique de la planète. Un front européen uni sur cette question y est pour beaucoup.

Cependant l'engagement "sérieux" qui a été pris - le 'copyright' du qualificatif revient à Nicolas Sarkozy - d'évaluer les moyens de réduire d'au moins 50% les émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici 2050, n'engage en rien à ce stade le premier pollueur mondial. Au moins le mandat a-t-il été clairement donné aux Nations Unies pour entamer les négociations d'un accord post-Kyoto sur les émissions de GES.

La chancelière a dû par ailleurs reconnaître que des divergences existaient encore sur les approches dans la lutte contre le changement de climat entre pays industriels du G8 et les grands pays émergents invités à la table de réunion (Chine, Inde, Brésil, Mexique, Afrique du Sud).

Toujours au chapitre économique, Angela Merkel a appelé les pays industriels et émergents à aboutir enfin à un accord sur les échanges dans le cadre de l'OMC (Organisation mondiale du commerce). La chancelière a senti "de réels efforts pour progresser". Pour autant aucun plan concret dans ce sens n'est à lire dans le communiqué du G8.

Le président brésilien Lula s'est de son côté déclaré "très optimiste" sur une issue favorable des négociations, estimant que "la partie de poker arrive à son terme". Selon lui la solution est désormais davantage politique qu'économique. Quant au chef de l'Etat français, il a réaffirmé la volonté de défendre les intérêts de la France à l'OMC.

Le même sentiment de promesse vague domine en ce qui concerne la surveillance des fonds spéculatifs. Une meilleure transparence est ici souhaitée, mais comme on s'y attendait, aucun pas décisif n'a été franchi en ce sens, face à l'opposition constante des Britanniques et Américains de mettre sous surveillance ces fonds qu'ils abritent en majorité.

La présidence allemande tenait en revanche à donner lors de ce G8 le coup d'envoi concret d'un processus dit de Heiligendamm destiné à engager un dialogue permanent avec les grands pays émergents sur une série de thèmes économiques, comme la levée d'obstacles aux investissements dans les deux sens, ou la protection de la propriété intellectuelle. Un élargissement du G8 à un ou plusieurs de ces pays est cependant exclu pour le moment. Un point sera fait dans deux ans de l'avancée des sujets évoqués dans le dit processus.

L'accord pour accorder une aide de 60 milliards de dollars (environ 45 milliards d'euros) à l'Afrique pour la lutte contre les graves maladies dont le Sida a montré par ailleurs que les pays du G8 "prenaient leurs responsabilité", a souligné la chancelière. "Notre regard sur l'Afrique doit être élargi", a-t-elle déclaré. Cependant, l'aide financière au développement des pays africains n'a pas été rallongée, et celle-ci ne doit du reste plus constituer une "voie unique", en étant davantage conditionnée à des meilleures pratiques de gouvernance dans les Etats bénéficiaires.

Il y a deux ans, le G8 tenu à Gleneagles (Ecosse) avait promis d'augmenter de 50 milliards de dollars par an l'aide au développement, en réservant la moitié de l'enveloppe à l'Afrique. Un plan concret allant dans ce sens n'a cependant toujours pas été élaboré, y compris lors de ce présent sommet, ce que les associations humanitaires n'ont pas manqué de critiquer.


Le couple Merkel-Sarkozy à la manoeuvre
Le "succès" du G8 est dû en partie à "l'influence miraculeuse de la chancelière", comme l'écrivait la presse allemande, tout comme à l'énergie déployée par le président français tout au long du sommet. La première aura montré avec une étonnante décontraction ses capacités à tenir son rang: "je suis la chef ici", a-t-elle insisté. Pour Nicolas Sarkozy, il s'agissait avant le sommet d'écouter et de comprendre. Mais l'initiative aura vite pris le dessus. En particulier pour arracher à Bush un engagement "sérieux", afin d'étudier la réduction d'"au moins" 50 % des rejets de CO2 ainsi que l'Europe, le Canada et le Japon se le sont fixés à l'horizon de 2050. Le couple franco-allemand peut désormais espérer ressortir dans moins de deux semaines victorieux d'un sommet du conseil européen où se joue l'avenir du traité constitutionnel. Merkel devra y affirmer un leadership clair comme l'est sa ferme volonté maintes fois affirmée d'obtenir une feuille de route pour la sortie de crise. Sarkozy va encore, d'ici là, poursuivre sa tournée européenne en promouvant son idée de constitution simplifiée, en passant par la Pologne et la Grande-Bretagne notamment. Reste à savoir comment les deux dirigeants profiteront sur le plan interne de leur engagement sur les questions internationales. Pour la chancelière, il va devenir de plus en plus difficile de conduire une grande coalition où chaque partenaire se recroqueville davantage sur lui-même, à mesure que les prochaines élections régionales puis générales se rapprochent.

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