La Chine prépare un vaste plan face au réchauffement climatique

Zou Ji, expert en climatologie à l'université populaire de Chine à Pékin, confie à l'agence Reuters que son pays prépare un plan de bataille pour lutter contre les atteintes à l'environnement et au climat. Reste à savoir quand Pékin le rendra public.

La Chine prépare actuellement son premier plan de bataille pour faire face aux changements climatiques, a déclaré à l'agence Reuters Zou Ji, un haut conseiller dont les propos soulignent l'inquiétude des autorités face aux bouleversements déjà en cours. Zou Ji, expert en climatologie à l'université populaire de Chine à Pékin, déclare que ce plan national fixerait vraisemblablement des objectifs larges pour les émissions de gaz à effet de serre et pour faire face aux modifications du régime climatique.

Ce plan montre que la Chine partage l'inquiétude générale face au fait que les gaz à effet de serre dégagés par les usines, les centrales électriques et les véhicules font monter la température de l'atmosphère et vont sérieusement altérer le climat mondial, explique Zou. "Tout cela montre que le gouvernement chinois accorde de plus en plus d'attention à ce problème", dit-il. "Lorsqu'il aura été approuvé et communiqué, ce plan deviendra le premier document officiel et général rédigé par la Chine sur les changements climatiques".

La Chine, qui connaît de longue date une croissance annuelle de l'ordre de 8% à 10% l'an, pourrait bien ravir en 2008 à l'Allemagne le titre de troisième économie mondiale, derrière le Japon et les Etats-Unis. Mais elle pourrait bien aussi devenir dès 2009 le premier pays émetteur de gaz à effet de serre au monde, dépassant les Etats-Unis, prévoit l'Agence internationale de l'énergie.

La réaction publique de Pékin au rapport publié vendredi dernier à Paris par le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) a été discrète mais, en coulisse, les autorités chinoises tiennent compte de la série d'avertissements liés aux bouleversements climatiques, assure Zou, qui est depuis l'an 2000 membre des délégations chinoises aux forums internationaux sur le climat.

Selon cet expert chinois, ce futur plan attend d'être approuvé par le gouvernement, après avoir été soigneusement examiné par une dizaine de ministères et d'agences. Toutefois, les préparatifs d'un important congrès du Parti communiste cette année pourraient ralentir sa publication.

Le dilemme du président Hu Jintao est de traduire l'inquiétude des milieux officiels en mesures politiques qui permettent croissance et création d'emplois tout en réduisant l'usage de combustibles fossiles et les émissions de gaz à effet de serre, explique Alan Dupont, spécialiste des changements climatiques à l'université de Sydney.
"Toute la stabilité du régime et, comme Hu va le voir, l'avenir de ce pays, dépend de la poursuite d'une croissance économique de l'ordre 8 ou 9%", estime Dupont. "Mais ils (les responsables chinois) comprennent que la Chine n'ira pas où elle veut si elle ne fait pas face aux changements climatiques".

Les plans chinois de développement de l'ouest du pays, pauvre et très peu peuplé, pourraient être mis en péril si les glaciers fondent et si les précipitations deviennent extrêmement irrégulières, a estimé dans un discours Zhou Dadi, ancien chef des recherches énergétiques au sein de la puissante Commission nationale de développement et de réformes. C'est tout l'équilibre écologique du nord-ouest de la Chine qui deviendra insupportable. "Ne parlons pas de développement, cela (le bouleversement climatique) ne permettra même pas aux gens de vivre", prévient-il.

Des sécheresses et les inondations de plus en plus fréquentes vont menacer les récoltes, souligne pour sa part Zou Ji. La hausse des températures pourrait accélérer la propagation de certains maladies infectieuses mortelles. La hausse du niveau des mers jettera sur les côtes densément peuplées de la Chine des vagues dévastatrices.
D'ores et déjà, des scientifiques chinois avertissent que la hausse des températures sur le haut plateau du Qinghai-Tibet va provoquer la fonte des glaciers, assécher des cours d'eau chinois et provoquer davantage de sécheresses, de tempêtes de sable et aggraver la désertification.

Au récent Forum économique mondial de Davos, en Suisse, où l'on a beaucoup parlé des risques liés au réchauffement climatique, de hauts responsables économiques et politiques chinois (et indiens d'ailleurs) ont souligné toute l'importance qu'ils attachaient au sujet. Mais ils soulignaient aussi qu'ils n'étaient pas question, pour les pays en développement, de devoir financer à eux seuls les moyens de réduire la pollution et les émanations de CO2 alors que la situation actuelle est lieé avant tout aux deux cent années de développement industriel des pays occidentaux sans tenir compte de ces questions liées à la protection de l'environnement.

Pour les Chinois et les Indiens, les pays développés doivent donc financer en grande partie les énormes dépenses de recherche nécessaires pour répondre à cette question du réchauffement climatique, y compris lié au développement économique actuel à grande vitesse de la Chine et de l'Inde.

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